Yann Mongaburu
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Dans le cadre de notre dossier sur la transformation des villes pour faciliter l'usage du vélo, Yann Mongaburu, le président du syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise, revient sur les phases d'évolutions dans la métropole iséroise.
« Nous avons arrêté la création de pistes ou bandes cyclables sur trottoir dès 2014. Cette solution tenait tant que la part modale du vélo était à 3 %, mais maintenant que 17 % des actifs utilisent ce moyen de déplacement, c’est impossible. Cela crée un inconfort pour les piétons, le PDU 2019 a proscrit ces aménagements. Le vélo doit être pensé comme un véhicule, il doit avoir une place de stationnement sur la voirie et partager la proportion de voirie dédiée aux véhicules motorisés.
"Nous avons arrêté la création de pistes ou bandes cyclables sur trottoir dès 2014"
D’une manière générale, nous devons penser le vélo comme un système. C’est un ensemble d’actions : l’aménagement des voiries, le stationnement, l’accompagnement au changement. Pour cela, il est nécessaire de donner un budget au vélo : la population est toujours au rendez-vous quand une collectivité entame une politique cyclable audacieuse.
"La population est toujours au rendez-vous quand une collectivité entame une politique cyclable audacieuse"
Nous avons déployé des mesures d’accompagnement pour stimuler tout l’écosystème privé, associatif ou commercial de la bicyclette. Des ateliers d’autoréparation, des déchetteries chargées de récupérer les vélos pour ces ateliers, le soutien à l’installation des vélocistes locaux pour que se déploie une économie de réparateurs dans les quartiers…
Du côté des entreprises, également, nous accompagnons les employeurs pour qu’ils parient sur le vélo. Cela passe par un équipement en sanitaires et en stationnement, mais aussi l’organisation de stages de remise en selle.
"Du côté des entreprises, également, nous accompagnons les employeurs pour qu’ils parient sur le vélo"
Tout au long de l’année, nous organisons aussi des événements destinés à découvrir le vélo de façon conviviale et ludique. Des messages de sécurité sont diffusés à destination des usagers, piétons, cyclistes et automobilistes, pour apprendre à partager l’espace public autrement.
Cet ensemble d’actions demande une mobilisation de la collectivité, mais c’est une économie qui se porte bien, en forte croissance, que l’on tâche d’accompagner en assurant un équilibre entre le privé et l’associatif. Le vélo, c’est une économie locale, non délocalisable, qui remet de l’intensité sociale dans les quartiers. »