Accueil des réfugiés : la mobilisation à géométrie variable des communes

Stéphane Menu

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Accueil des réfugiés : la mobilisation à géométrie variable des communes

A line of Syrian refugees crossing the border of Hungary and Austria on their way to Germany. Hungary, Central Europe, 6 September 2015.

© Mstyslav Chernov

Si certaines communes affichent une réelle ouverture dans l’accueil des 24 000 réfugiés syriens et irakiens, des contradictions apparaissent entre la volonté et la réalité quotidienne du traitement des demandeurs d’asile. D’autres maires confondent urgence solidaire et… logement social.

Le recensement est difficile à établir mais le mouvement de solidarité s’amplifie à l’évidence à un rythme élevé : de plus en plus de communes françaises acceptent le principe solidaire d’accueillir des réfugiés syriens et irakiens. Cette mobilisation municipale épouse l’évolution positive de l’opinion française : les Français prennent de plus en plus conscience que ce devoir de solidarité envers ces réfugiés en péril est une des réponses les plus cinglantes aux messages barbares de Daech.

L’État, par la voix de son Premier ministre, Manuel Valls, proposera, ce samedi, des mesures financières pour accompagner les communes désireuses de venir en aide aux réfugiés. Face à l’afflux massif d’exilés en Europe, François Hollande avait annoncé le 7 septembre, lors de sa conférence de presse, que la France allait accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans, un chiffre qui s’ajoute aux 6 000 personnes dont l’accueil avait été acté en début d’été.

Décalage entre l’annonce politique et la réalité de l’accueil

Depuis, les collectivités territoriales ont décidé de monter au créneau pour accueillir des réfugiés. En Dordogne, une cinquantaine de logements devraient être mis à disposition de familles, selon le conseil départemental. À Mont-de-Marsan, dans les Landes, la mairie et le Grand Dax sont d’accord pour accueillir des familles sur leur territoire. À Lyon, Gérard Collomb assure que la « capacité d’accueil des réfugiés » est suffisante sur sa commune.

En avril dernier, 200 personnes avaient été expulsées, dont plusieurs dizaines de demandeurs d’asile albanais.

Dans Le Progrès, il répond favorablement à l’appel du gouvernement : « Nous allons mobiliser les réseaux (…). On essaiera d’avoir une vision métropolitaine. En raison de la baisse des demandes d’asile, il y a une capacité à répondre à la demande ». Des propos qui surprennent les associations sur place, au regard des difficultés rencontrées par les demandeurs d’asiles à Lyon. En avril dernier, 200 personnes avaient été expulsées d’un squat à Gerland, plusieurs dizaines d’entre eux étaient des demandeurs d’asile albanais. Villeurbanne est aussi favorable à l’accueil des réfugiés.

« Système d’asile en crise »

Contacté par Rue89 Lyon, le directeur de Forum réfugiés, Jean-François Ploquin, évoque la possibilité d’installer des mobile-homes : « Toutes les solutions sont à étudier car, aujourd’hui, les 1.940 places d’accueil sont toutes pleines. Ces futures nouvelles arrivées s’ajoutent à un système de l’asile en crise », prévient-il. D’autres communes établissent un autre constat. Gilles Gascon, maire de Saint-Priest, estime que sa commune doit fait face à d’autres urgences : « On a 5.000 demandes de logement en attente. Je me vois mal ne pas répondre en priorité à des gens qui attendent depuis 5 ou 6 ans », établissant ainsi un parallèle surprenant entre des réfugiés et des demandeurs de logements sociaux.

À Villefranche-sur-Saône, le maire Bernard Perrut affirme que ses services ne peuvent en faire plus : « Nos efforts en termes de solidarité, déjà significatifs ici, trouvent d’autant plus leurs limites que l’État baisse de manière très importante les aides financières nécessaires pour répondre aux besoins et aux attentes des habitants ». Ce serait peut-être en effet aux villes les plus riches d’être plus mobilisées…

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