Pendant ce temps-là, l’État joue des divisions des uns et des autres.
Aveu de faiblesse
On a atteint un certain point de ridicule quand en 2011, Martin Malvy, président de la Fédération (oui, parfois pour éviter de tous s’appeler association, on s’appelle fédération ou assemblée) des villes moyennes, demandait « la création d’une grande fédération des communes de France » rassemblant les dix-huit (!) associations d’élus municipaux pour avoir « plus de force face aux pouvoirs publics ». Évidemment, son collègue président de l’Association des maires de France, Jacques Pélissard, devait lui rétorquer que « l’AMF fédère déjà les associations catégorielles en son sein ». Quel multiple aveu de faiblesse : un président d’association catégorielle qui demande une réunion qui existe déjà, tout en défendant la spécificité de « ses » communes, un autre qui doit se défendre de fédérer suffisamment ! Pendant ce temps-là, l’État discute avec qui il veut et joue des divisions des uns et des autres.Étriqué
Mais le plus grave est dans le fait que les présidents des régions, des départements, des intercos, des villes s’avèrent incapables (mais ils n’en ont pas la volonté) de défendre ensemble un projet de décentralisation. Comment ne pas être écœuré de voir Alain Rousset, président de l’ARF, crier victoire récemment, après une réunion avec Jean-Marc Ayrault, au cours de laquelle furent annoncés un certain nombre de transferts de compétences aux régions. Comme si l’enjeu, face au mal persistant que représente la ségrégation spatiale et économique de nos territoires, était la victoire d’un niveau de collectivité sur l’autre. Pendant la crise, le (triste) spectacle continue : incapables de dépasser la vision étriquée de leur gestion locale ou d’élaborer ensemble un projet cohérent de développement des territoires, les élus se battent comme des chiffonniers pour préserver ou accroître leur niveau de compétences.