Au travail, identifier ses faiblesses pour en faire des forces

Fabrice Anguenot
Au travail, identifier ses faiblesses pour en faire des forces

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© lassedesignen

Travailler avec ses faiblesses ? On n’a pas trop le choix. Mais plutôt que de vouloir les effacer pour réussir, il vaut mieux mettre son énergie dans des stratégies de contournement. En gros, savoir où l’on n’est pas très bon, ne pas s’entêter, et miser sur ses forces.

Quelles sont vos forces et vos faiblesses ? Il s’agit là d’une question récurrente, lors d’entretiens ou de bilans de compétences. Dans ces situations, bien se connaître soi-même est un atout. Un agent qui a bien identifié ses forces et ses points de vigilance, saura faire face à un spectre plus large de situations de travail. Alors que certains cherchent à développer leurs forces jusqu’à l’excellence, pourquoi ne pas utiliser ses propres faiblesses pour en faire des atouts ? Où devez-vous donc concentrer votre énergie ?

Économiser son énergie

Tordons de suite le cou à une idée reçue : ne perdez pas d’énergie à vouloir à tout prix transformer vos faiblesses en forces ! Pourquoi en effet gommer certaines singularités au profit d’autres qui ne relèvent pas de votre propre personnalité ? Entendons-nous bien, il vous sera tout à fait possible d’y parvenir, mais en déployant un temps considérable, et en faisant preuve d’un travail beaucoup plus important qu’une personne « naturellement douée » ((Jacques Attali (écrivain, économiste, haut fonctionnaire…) par exemple, est devenu chef d’orchestre au bout de deux ans de travail acharné. L’histoire ne dit cependant pas quelle était sa pratique de la musique avant cet avènement…)). Apprendre une langue étrangère sur le tard, pour voyager par exemple, nécessitera, pour quelqu’un qui n’a quasiment pas baigné dans les sonorités étrangères (peu de voyages, peu d’écoute cinématographique en version originale…), un travail très important. Peut-être serait-il préférable de faire appel aux services d’un traducteur sur place, et vous focaliser sur des sujets que vous maîtrisez d’avantage et pour lesquels vous nourrissez une passion depuis de longues années : l’histoire du pays, sa culture, sa gastronomie… etc.

Vouloir changer, c’est parfois s’engager sur un chemin long et difficile.

Être conscient de ses faiblesses permet de mieux les gérer, alors que de vouloir les changer, c’est parfois s’engager sur un chemin long et difficile. C’est une énergie dépensée à mauvais escient !

Comment identifier sa position

Tout le monde n’a pas la chance de savoir spontanément s’il sera en position de force ou de faiblesse dans telle ou telle situation. Comment dès lors identifier dans quelle position je me trouve ? Certains indicateurs ne laissent aucune place au doute. Ainsi, vous êtes en « position faible » dès que :

- vos apprentissages sont lents, laborieux, vous ne retenez que peu de choses au regard du volume de connaissances balayées, ou de l’énergie déployée ;

- vous répétez des expériences négatives sur certains postes ou dans certaines tâches…

- vous perdez confiance en vous et en vos capacités. Vous avez un sentiment d’impuissance face aux événements ;

- vous vous lassez, vous vous épuisez en essayant de vous maintenir à flot. Vous subissez et n’êtes plus acteur.

Limiter une activité ou la déléguer permet de revenir à l'équilibre.

Si vous vivez, ou avez vécu, ce type de situations, il est fort à parier que vous êtes en train de vouloir corriger ou de gommer une faiblesse. Finalement, le mieux à faire serait de limiter l’activité, de la déléguer, de vous faire aider, bref trouver le contre-pied afin de revenir à l’équilibre. Dans ces conditions, même en travaillant d’arrache-pied, vous ne deviendrez que rarement excellent dans ce domaine, au mieux vous aurez un niveau correct. Pensez au gaucher que l’on oblige à devenir droitier : au prix de quels efforts arrivera-t-il finalement à compenser ce qui au départ n’était qu’une particularité !

À ÉVITER
• S’entêter
Sauf à avoir une volonté farouche de vouloir développer une compétence nouvelle, et ceci pour des raisons qui vous sont propres, ne vous entêtez pas. Sachez déceler les signes relatifs à votre « faiblesse », car c’est bien cela qui fera votre force ! Il est toutefois très facile d’amoindrir une faiblesse, par exemple plutôt que de vous décrire comme quelqu’un de buté, ou d’obstiné, il est tout à fait possible de décrire les choses ainsi : « j’ai du mal à laisser un projet tant qu’il n’est pas tout à fait finalisé ». Énoncé ainsi, vous admettez que vous avez des progrès à faire, mais l’analyse que vous en faites reste tout à fait positive.
Faire semblant
Ne faites pas semblant de ne pas avoir de faiblesses juste parce que vous ne savez pas comment les « combattre ». Les ignorer ne signifie pas qu’elles n’existent pas.
Accuser
Dans le cadre du management, mettre régulièrement l’accent sur les faiblesses des agents de votre équipe peut rapidement devenir improductif : baisse de motivation, rancœur, mal être… etc.
Vouloir changer les autres
Pensez que forces et faiblesses vont de pair. Chez les plus jeunes, la génération Y par exemple, vous pouvez passer votre temps à vouloir changer leur mode de fonctionnement, ou vous pouvez choisir de vous focaliser sur les atouts de cette classe d’âge, à savoir le recours quasi systématique aux nouvelles technologies, à la pensée en réseaux, aux TIC… Mettez-les à des postes où leurs forces s’exprimeront et vous verrez l’excellence émerger. Travailler sur ses forces est une composante essentielle d’accès à la réussite et au bonheur.

Identifier ses forces… et celles des autres

Nous possédons tous des forces, des talents intrinsèques susceptibles d’être mobilisés et transcendés, dans des délais très rapides, puisque quasi naturels pour nous. Ce qui est tout le contraire de nos faiblesses.

Si vous avez des lacunes en comptabilité, il est probable que vous soyez réticent à vous y mettre, car jongler avec les chiffres vous demandera des efforts considérables. Une force se reconnaît par :

- la passion qu’elle suscite chez vous ;

- son apprentissage facile ;

- le niveau de maîtrise, ou performance, que vous allez atteindre en peu de temps.

Vous êtes le seul à savoir identifier, dans un domaine ou une discipline, ce qui mobilise ces trois composantes. Il est important de faire le point en posant sur papier les activités qui suscitent cela chez vous.

Le bon manager saura identifier les forces et les faiblesses de chacun des membres de son équipe, de façon à répartir le travail en fonction de leurs facultés.

Dans le cadre du management, le bon manager saura identifier les forces et les faiblesses de chacun des membres de son équipe, de façon à répartir le travail en fonction de leurs facultés. Au « pointilleux », attribuez des tâches précises de recensement, de classement, d’organisation… au « rêveur », confiez des projets de réformes sur l’organisation du service, l’amélioration des méthodes… Qu’elles soient réalisables ou pas, vous aurez des pistes de décisions intéressantes. Au « leader », donnez des travaux de groupe, de coordination, afin de créer une dynamique et une émulation collective… Bref, sollicitez leurs forces plutôt que de les reprendre sur leurs faiblesses !

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