Le marché des grandes peurs du numérique a décidément encore de beaux jours devant lui. Nous avons été gratifiés cette semaine de deux incroyables sorties médiatiques sur le sujet. La première émane de la ministre de la culture et de la communication, la seconde, du directeur du Nouvel Observateur, Laurent Joffrin. Si cette deuxième prise de position reste anecdotique bien que symptomatique d'une certaine vision fantasmée d'Internet, celle d'Aurélie Filippetti, du fait de sa position, me semble bien plus inquiétante.
Comment peut-on encore aujourd'hui affirmer avec aplomb que "rien n'est éditorialisé" dans la presse en ligne ? La ministre n'a-t-elle pas quelques conseillers pour lui souffler à l'oreille qu'il existe de l'information de qualité sur Internet et qu'elle n'est pas forcément payante ? On pense tout de suite à Rue89, dont le président et cofondateur Pierre Haski a rapidement pris la plume le clavier pour contredire les propos d'Aurélie Filippetti. En matière d'information généraliste, Owni et Slate ne s'en sortent pas trop mal non plus. Et du côté de la presse spécialisée, les exemples sont légions. On a même vu de petits éditeurs full web de qualité remettre à flot la vieille presse papier !
Quant à la bêtise - il n'y a pas d'autre mot - de l'édito de Laurent Joffrin, reconnaissons-lui au moins le mérite de nous avoir faire rire cinq minutes et d'avoir suscité un paquet de réactions tout aussi drôles sur les réseaux sociaux (voir le florilège réalisé par Jean-Marc Manach sur Owni... dans lequel j'ai l'honneur de figurer !). Découvrir, en 2012, que des rumeurs (hoax) circulent dans les boîtes mail, qualifier ce phénomène (vieux comme la Toile !) de "dérive du web", et préconiser la régulation d'Internet pour enrayer ladite dérive, c'en est finalement presque touchant de naïveté...
