Nous sommes nombreux dans nos métiers à avoir été marqués par Fahrenheit 451, à travers l'oeuvre originale de Ray Bradbury et/ou le film de François Truffaut. Ray Bradbury est mort mardi, à l'âge de 91 ans. Bien qu'écrit il y a presque 60 ans, le propos de ce roman est resté d'une regrettable actualité. Si l'attachement au livre en tant qu'objet peut aujourd'hui sembler désuet, si la référence au nazisme peut aujourd'hui paraître trop appuyée, la critique est plus profonde et aisément transposable : la société du divertissement, de la surconsommation et de l'abrutissement généralisé qu'il y décrit ressemble en bien des points à la nôtre.
Auteur de référence en matière d'anticipation, Ray Bradbury n'était pas pour autant technophile, bien au contraire. Certains d'entre vous se souviennent peut-être de cet entretien accordé au New York Times paru fin 2009, dans lequel il témoignait de son attachement aux bibliothèques publiques tout en vomissant Internet, "une distraction irréelle et sans intérêt" (article d'ActuaLitté). Une vision bien réductrice des choses, qui égratigne un peu l'image d'un écrivain visionnaire dont l'oeuvre restera néanmoins dans l'histoire. Le compte à rebours pour son entrée dans le domaine public est déclenché : 70 ans, 6 mois, 24 jours...
Ironie du sort, au moment où l'on apprenait le décès de Ray Bradbury, la réalisatrice Ingrid Gogny était en train de tourner un documentaire intitulé Hommes-Livres, inspiré par Fahrenheit 451 dans la bibliothèque des Capucins à Rouen...
Photo : C.L. Hamby http://www.flickr.com/photos/clhamby/5694098282/ (CC BY-NC 2.0).