Les agents municipaux de Paris d'origine africaine et de l'outre-mer, de même que les femmes et les jeunes se sentent davantage victimes de discriminations professionnelles, selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) commandée par la ville.
Ce travail, quasi inédit, sur l'égalité professionnelle au sein d'une grande collectivité locale, publié sur le site de l'Ined, a été effectué sur un échantillon représentatif de plus de 10.000 agents (dont 4.700 ont répondu), soit 20% des effectifs.
"Les groupes exposés aux discriminations ressortent clairement des résultats: les femmes, les jeunes (35 ans et moins) et les agents originaires de l'outre-mer et d'Afrique (sur deux générations) déclarent plus d'expérience de discrimination que les autres agents", indique l'étude.
Alors que pour les agents de la ville de Paris "les positions professionnelles sont déterminées par le diplôme et l'ancienneté", les agents d'origine africaine et de l'outre-mer sont plus concentrés dans les emplois de catégorie C, avec des "carrières plus heurtées".
"Cependant", note l'étude, "une grande partie des pénalités observées pour les descendants d'immigrés africains disparaissent lorsque l'ancienneté est prise en compte".
"Autrement dit, la situation défavorable de ce groupe tient principalement à son arrivée récente dans la ville mais il est impossible de prévoir s'il suivra la dynamique connue par la population majoritaire (...) ou s'il restera bloqué dans les positions de relatif déclassement", analyse l'Ined qui s'est félicité de l'aide apportée par la municipalité pour son enquête.
Pour les femmes, pourtant plus globalement plus diplômées, les discriminations proviennent du fait qu'elles connaissent "des trajectoires catégorielles moins ascendantes que celles des hommes".
Tenant compte de ces résultats, la ville de Paris a annoncé dans un communiqué qu'elle allait "renforcer son plan d'action de lutte contre les discriminations".
Pour le recrutement des agents, elle veut "améliorer la diversité" en modifiant la composition des jurys et en révisant certains concours "dont les épreuves peuvent être encore trop académiques", en représentant mieux la diversité dans les postes de direction, et en informant davantage sur les voies de recours pour les victimes de discrimination.
La municipalité socialiste parisienne veut aussi "veiller à ce que les formations bénéficient efficacement aux agents faiblement diplômés afin qu'ils puissent évoluer dans leur carrière".
Interrogée par le journal Le Monde, dans son édition de dimanche-lundi, l'adjointe au maire PS chargée des ressources humaines Maïté Errecart a toutefois estimé qu'il est "assez difficile de faire la part entre ce qui relève de phénomènes sociétaux et de la Ville".
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