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© Emmanuel - adobestock
Voilà donc une équation simple, posée par le GIEC : si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5°, il nous faudra arriver à la neutralité carbone en 2050.
Le temps presse. 2050, au vu de la tâche titanesque que nous devons accomplir, c’est demain. Une trentaine d’années pour changer de fond en comble notre manière de produire et de consommer, ce n’est rien.
Car vu les sales habitudes que nous avons prises depuis plus d’un siècle, c’est tout un système qu’il faut changer. Celui où il faut toujours produire plus, celui où l’on se préoccupe d’abord de fabriquer, mais presque jamais des conséquences de cette production.
Celui, surtout, où la croissance économique et la consommation sont l’alpha et l’oméga absolu.
Les vrais acteurs du monde qui meurt
Qu’il faille une action urgente, sans précédent, et collective dans tous les domaines, commence à rentrer dans les têtes. Les jeunes nous y poussent comme jamais. Comme nous y poussent aussi le nombre croissant de voix dans les pays en développement (qu’au passage, nous avons si longtemps pris comme prétexte en expliquant qu’ils avaient droit au même modèle de croissance consumériste que nous connaissions) où sont les premières victimes du bouleversement climatique, de la pollution, de l’épuisement des sols, de l’artificialisation, de la nourriture industrielle…
Même les dirigeants qui se situent davantage dans le camp de la démocratie sont à ce point liés à l’ancien monde productiviste qu’il est difficile de les voir en acteurs du changement
Et dans ce combat, on ne pourra pas compter sur les grands dirigeants. Trump, Poutine, Xi, Bolsonaro, Modi, Johnson, Abe… et leurs sbires sont les acteurs du réchauffement climatique. Même les dirigeants qui se situent davantage dans le camp de la démocratie (Macron, Merkel, Von der Leyen…) sont à ce point liés à l’ancien monde productiviste qu’il est difficile de les voir en acteurs du changement.
Tout se jouera lors des municipales
Il faudra en revanche compter sur les élus locaux pour mettre en œuvre ce nouveau monde. Un monde décarboné, qui mise sur le développement humain au lieu du développement économique, sur la démocratie réelle au lieu du pouvoir personnel, sur la sobriété au lieu de la consommation sans limites, sur l’éducation et la culture au lieu du prestige et de la communication, sur les transports propres et doux plus que sur les aéroports…
L’idée de la transition écologique ne réside pas dans son caractère progressif mais dans la radicalité du changement de modèle
Ce début de changement sera l’enjeu central des élections municipales : par sa vigueur, par la conviction sans faille de celles et ceux qui le porteront, par l’inventivité des solutions locales, par l’efficacité des alternatives qu’il offrira. Surtout peut-être par la place centrale qu’auront les citoyens dans le processus : dans la pression qu’ils mettront à leurs élus sur ces questions, comme dans leur investissement sans faille pour que la mutation réussisse.
Car contrairement à ce que dit Emmanuelle Wargon, l’idée de la transition écologique ne réside pas dans son caractère progressif mais dans la radicalité du changement de modèle.
Et de l’absolue inflexibilité avec laquelle nous devons la penser.