Collectivités : vers une nouvelle cure d'austérité ?

Christine Cathiard

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Collectivités : vers une nouvelle cure d'austérité ?

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© Kati-Molin-fotolia

Les collectivités locales, déjà soumises à la diète pour renflouer les caisses de l'Etat, pourraient devoir faire 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires, au risque de plomber leur capacité à investir.
C'est loin d'être un scoop, puisque en janvier déjà, on pouvait lire cette information sur le site du  Club Finances. Mais c'est le 4 mars que l'AFP et le Monde en ont parlé : l'Etat doit trouver au moins 50 milliards d'euros d'économies d'ici la fin du quinquennat pour respecter ses engagements européens et financer la baisse du coût du travail prévue par le Pacte de responsabilité aux entreprises. Les ministères, les opérateurs comme Météo France, la Sécurité sociale et les collectivités locales, qui pèsent 20% du total, vont ainsi devoir se serrer la ceinture.
 Les collectivités (communes, départements, régions) font déjà un effort d'1,5 milliard d'économies par an en 2014 et 2015.
Le 27 février, la ministre déléguée à la Décentralisation, Anne-Marie Escoffier, avait admis à l'issue d'une réunion à Matignon avec les Maires de France, qu'elles n'étaient "pas à l'abri" d'un effort plus important que celui déjà demandé pour cette année et l'an prochain. Selon Le Parisien, cet effort complémentaire pourrait s'élever à environ 10 milliards d'euros d'ici 2017. "La répartition des économies n'est pas arrêtée", a-t-on répondu à Matignon. "Les grandes lignes seront présentées dans le programme de stabilité au mois d'avril", selon les services du Premier ministre. "Les dépenses des collectivités territoriales augmentent de 3 milliards par an", a pour sa part observé la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu. "C'est vrai que c'est beaucoup. (...) On a sans doute, ensemble, beaucoup d'économies à faire", a-t-elle fait valoir.
 La Cour des comptes avait passé à la loupe en octobre les dépenses des collectivités locales et elle aussi recommandé leur "freinage".
"A mon avis, on n'arrivera pas à 10 milliards", a poursuivi Mme Lebranchu, reconnaissant cependant que "la dotation globale de fonctionnement (allait) baisser". Interrogé par l'AFP, le président de l'Association des maires de France, Jacques Pélissard, n'a pas caché une "inquiétude très forte". Selon lui, une telle baisse de l'aide de l'Etat aurait forcément des conséquences sur l'investissement. "50% des commandes dans le BTP sont faites par les collectivités, il y aurait un impact pour l'emploi local", met en garde le maire UMP de Lons-le-Saunier, qui pointe aussi les charges grandissantes pesant sur les communes.
 Cette "méthode n'est pas la bonne"
Du côté des Régions de France, dont 47% des ressources sont issues de ces aides, on juge aussi que cette "méthode n'est pas la bonne". Elles plaident plutôt pour une suppression des doublons et une "clarification des compétences" pour faire des économies. La Fédération des villes moyennes (FVM) a quant à elle regretté de "découvrir par voie de presse" ces nouvelles coupes, engagées sans concertation. Pour la FVM, présidée par le maire PS de Saint-Dié, Christian Pierret, "pénaliser encore davantage" les collectivités, c'est "diminuer l'investissement dans l'habitat et les travaux publics, ou encore le niveau des services publics, dont certains doivent être d'ores et déjà réduits".
"Ça pourrait être réaliste si on faisait ce que les écologistes proposent depuis longtemps, à savoir supprimer une strate administrative"
A moins de trois semaines des élections municipales, ce nouveau tour de vis n'enchante guère les élus et candidats, y compris de la majorité. "Il faut partir du constat que les collectivités locales portent l'investissement dans le pays", met ainsi en garde la candidate PS à la mairie de Paris, Anne Hidalgo. "Quand vous faites des crèches, du logement, un tramway, des infrastructures qui permettent au territoire de se développer, ça c'est utile", observe-t-elle. "Ça pourrait être réaliste si on faisait ce que les écologistes proposent depuis longtemps, à savoir supprimer une strate administrative", plaide de son côté le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, favorable à une suppression pure et simple des conseils généraux. Le Parti de gauche dénonce pour sa part une "course aux économies sur le dos du peuple pour financer les cadeaux fiscaux au Medef contenus dans le Pacte de responsabilité". Pour lui, le "cadre institutionnel et républicain" est tout simplement menacé.

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