COLONIE
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Les difficultés se multiplient
Depuis une quinzaine d'années, tous les centres de vacances accueillant des publics jeunes ont été confrontés à un grand nombre de difficultés. On estime que près de 30 à 40 % ont fermé.Aujourd'hui cette tendance se confirme. Les colonies de vacances ferment pour de multiples raisons. On peut citer tout d'abord une exigence accrue en matière de réglementation pour les séjours, la qualification du personnel, les normes des bâtiments, les comportements et attentes des clientèles.Entre aussi en jeu la baisse de la fréquentation, car une majorité de parents ne peuvent plus assumer les coûts de séjours.Les séjours-classes connaissent également une chute liée aux contraintes administratives et aux difficultés du financement des séjours.Tous les propriétaires et gestionnaires, quel que soit leur statut, sont touchés. Aujourd'hui, aucune grande collectivité urbaine ou comité d'établissement n'échappe à un questionnement relatif à son engagement dans la gestion de ses centres de vacances : que ce soit un plafonnement des dépenses ou un désengagement total. Le mode d'installation des colos dans les années soixante avait créé un lien étroit entre le site touristique d'accueil et les milieux urbains. Ce lien, en raison des désengagements de nombreux propriétaires, est en train de se rompre.Le marché évolue
Le marché des séjours a fortement évolué sur quatre points essentiels : - l'organisation des départs en colonies ou classes a beaucoup évolué pour diverses raisons. Aujourd'hui, le plus souvent, les séjours d'enfants en centres de vacances sont devenus des services achetés par les collectivités sur appel d'offres. Ce procédé peut paraître séduisant car il propose un large choix de lieux et d'activités, mais cette attitude consumériste ne profite au final à personne. La marchandisation de cette activité ne permet pas de prendre en compte les besoins en termes de rénovation patrimoniale ; - les sorties-classes se maintiennent à un certain niveau avec des séjours plus courts, souvent à la semaine ; - le marché des séjours en colonies de vacances ne s'est pas effondré. En 2011, 7,5 % des enfants et adolescents de 5 à 19 ans sont partis en vacances collectives (colonies, camps ou séjours linguistiques). 15 ans en arrière, ce taux était de 10 % . Il y a toujours un besoin et des envies de partir en séjours colos en période estivale ; - les centres de loisirs sans hébergement (CLSH) connaissent une croissance très rapide dans tous les secteurs (agglos, banlieues, zones rurbaines ou rurales). Ces dernières années, une forme de séjours courts (1 à 4 jours) « les mini-camps », s'est également développée. En 2011, 2,5 % des enfants et adolescents sont sortis en mini-camp. Tout au long de l'année scolaire 2010/2011, plus de 1,4 million d'enfants et adolescents sont partis dans 44 100 séjours de vacances avec hébergement. En juillet-août, plus de 30 000 séjours avec hébergement sont organisés pendant les vacances scolaires dans toute la France. Ils accueillent près de 1 million d'enfants.On ne transforme pas facilement un centre de vacances en village ou résidence de vacances.
Deux enjeux majeurs : la rénovation et le foncier
On peut trouver plusieurs exemples récents de centres de vacances qui ont réalisé de lourds travaux de requalification et de modernisation sans pour autant réussir mieux et qui ont été contraints de fermer. On ne transforme pas facilement un centre de vacances en village ou résidence de vacances.À l'inverse, en Rhône-Alpes et en Champagne-Ardennes, on connaît des colos qui ont évolué prudemment en gardant leur cœur de métier, l'accueil de jeunes tout en élargissant leur public. Les projets de rénovation doivent viser un confort minimum permettant un élargissement des publics tout en gardant un côté rustique et fonctionnel.Dans un contexte foncier tendu sur le littoral ou en montagne, les centres avec des terrains souvent importants, de un à plusieurs hectares, constituent des réserves foncières. Déjà, de nombreux propriétaires ont ainsi pu réaliser des transactions intéressantes en vendant leurs domaines à des promoteurs. Le plus souvent, les domaines colos sont classés « zone à vocation résidentielle de loisirs » dans les documents d'urbanisme, Scot et PLU, ce qui leur donne une valeur évidente. Des choix seront à faire par les propriétaires.Un besoin de réorganisation et d'innovation
L'activité d'accueil des jeunes a besoin d'être réorganisée, tant sur les sites d'accueil qu'en milieux urbains émetteurs de clientèle. On ne peut plus aujourd'hui concevoir des centres de vacances accessibles à leurs seuls ayants droit ou réservés à une monoclientèle. De nouveaux modes d'ouverture doivent être envisagés. Les collectivités urbaines propriétaires seraient plus avisées d'arrêter de raisonner chacune dans son coin. Un partenariat entre collectivités émettrices et territoires d'accueil serait plus constructif. Une réflexion à moyen terme, visant à restaurer les bâtiments, élargir l'offre à d'autres publics, fonctionner différemment, doit s'engager.On ne peut plus aujourd'hui concevoir des centres de vacances accessibles à leurs seuls ayants droit ou réservés à une monoclientèle.Il est indispensable de développer des activités de plein air qui s'adressent à des vacanciers urbains mais également aux populations locales. Les professionnels locaux en bénéficieraient. Des événementiels, sportifs ou culturels, associant les diverses populations, créeraient une dynamique. Les citadins pourraient s'identifier à un territoire de vacances. Des activités ou manifestations plus pérennes sont indispensables pour faire vivre un lieu. Les centres disposent souvent de foncier, ce qui ouvre des possibilités pour des équipements de loisirs semi-couverts innovants.Les centres de vacances campagne, mer ou montagne, doivent garder des relations fortes avec leurs bassins de clientèle et s'inscrire dans la vie sociale et l'imaginaire de ces territoires urbains. En parallèle, les structures sociales urbaines doivent maintenir le lien tout au long de l'année pour que les centres de vacances ne soient pas des lieux anonymes. L'accueil de groupes sportifs adultes amplifiera ce lien.On peut donc affirmer que le redémarrage de ces centres de vacances nécessite en tout premier lieu une réflexion collective sur le territoire d'implantation partagée par une équipe professionnelle de gestion, par le monde associatif des deux territoires – urbain et touristique – et par les collectivités impliquées. Il dépend aussi d'une réelle volonté politique des régions et départements concernés ainsi que des financements fournis pour leur réhabilitation et la mise aux normes. Pour ce faire, les propriétaires – conseils généraux, agglomérations et villes, comités d'établissement ou associations spécialisées – sont tous concernés.