Combattre les idées reçues

Laurent Roturier

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En ces temps de crise, la culture et la création artistique peuvent être des facteurs de développement économique créateurs d'emplois.

Malaise, crise, mutation ! Les qualificatifs dans la sphère médiatique se bousculent pour caractériser la période actuelle, exigeant des responsables publics des réponses immédiates, instantanées, à des bouleversements qui pourtant se situent sur un temps long, ce temps de la civilisation cher à l’historien Fernand Braudel.

Il en est ainsi en particulier du secteur de l’économie, qui, entre nostalgie d’une époque glorieuse (trente années de très forte croissance disparues depuis quarante ans, tout de même) et ouverture des économies au monde entier semble chercher un avenir, quand il n’est pas annoncé la disparition de tout appareil productif en France.

Or, voici quelques années encore, il n’était guère imaginé que parmi les nouveaux moteurs de croissance, la culture, par un nouvel impact économique dans les territoires, deviendrait un élément majeur de la compétitivité. Pourtant, deux études récentes viennent d’apporter un éclairage nouveau sur l’impact de ce secteur, en quantifiant assez précisément ses retombées.

La première, relative à l’impact social et économique du secteur des industries créatives et de l’image confirme de manière spectaculaire les évolutions récentes, portant sur la production de richesse et la création d’emplois.

Ainsi, en 2012, la valeur ajoutée des secteurs du cinéma, de la production audiovisuelle, de la vidéo et du jeu vidéo a représenté plus de 8 Md d’euros, soit un poids équivalent à celui de l’automobile en France, loin devant l’industrie pharmaceutique (6,4 Md d’euros), ou l’habillement (5,3 Md d’euros) ! En termes d’emplois, le secteur génère, lui, plus de 340 000 postes, soit 1,23 % de l’emploi total.

La seconde précise que l’ensemble des branches culturelles totalise un volume de production de l’ordre de 85 milliards d’euros et une valeur ajoutée de 40 milliards d’euros. Le poids économique direct de la culture est donc désormais en France de 2,2 % en 2011, et encore, sans prendre en compte les retombées économiques indirectes ou induites par la culture comme celles liées au tourisme par exemple.

De ces études, trois enseignements essentiels peuvent être retirés pour les cadres et responsables publics :

- le premier est que le soutien à l’innovation, à la création et à la culture constitue un pari gagnant ;

- le second que l’action concertée de l’État et des collectivités territoriales, lorsque la coresponsabilité en matière de soutien à la culture joue efficacement, est facteur de développement économique territorial ;

- le troisième, sûrement le plus essentiel aujourd’hui, est celui de la nécessaire mobilisation des capacités des agents du service public, pour inventer les meilleures manières de soutenir l’intelligence créative générée par une population de mieux en mieux formée.

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