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D’une totale évidence dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le service public n’est pas sorti intact de la révolution libérale des années quatre-vingt. La grande croisade lancée par Margaret Thatcher et Ronald Reagan contre tout ce qui pouvait représenter un service pour tous, financé par les impôts, la privatisation à tout va et la limitation au minimum du périmètre de l’action publique ont porté leurs fruits. Depuis, on rame…
Aujourd’hui, au fil des crises et des dépenses publiques, les dettes de nombre de pays européens ont augmenté, à un tel point que la réduction des dépenses publiques fait l’objet qu’un quasi-consensus. Même ceux qui défendent des politiques de relances par les dépenses publiques ont du mal à ne pas devoir trouver des recettes en contrepartie. Bref, là où le service public régnait en maître, c’est désormais l’équilibre budgétaire et la réduction des dépenses publiques qui se sont installés en patrons.
Une défense maladroite
Difficile aujourd’hui de s’interroger sereinement sur le périmètre et l’efficacité de l’action publique. C’est pourtant une nécessité absolue : parce qu’il faut trouver des réponses intelligentes et viables face aux attaques dont elle fait l’objet et, surtout, parce que nos concitoyens ont plus que jamais droit à un service public qui réponde à leurs besoins.
Ceux qui défendent le service public le font souvent mal : face à la violence des attaques, on s’arc-boute, on résiste, on refuse les changements…
Le problème, c’est que ceux qui défendent le service public, syndicats, politiques ou citoyens, le font souvent mal : face à la violence des attaques, on s’arc-boute, on résiste, on refuse les changements… Pourtant, tout cela mérite mieux que l’immobilisme. Nous aurions tout à gagner au contraire à repartir au combat, et à (re) conquérir la légitimé souvent perdue de l’action publique par ses seules armes efficaces.
Pour se sauver, le service public ne peut en effet que compter sur lui-même. Il devra donc se renouveler. À mon sens, cela ne pourra le faire qu’à trois conditions : la qualité, l’innovation et l’ouverture.
Trois pistes pour avancer
La qualité, on l’a dit, est ce que demandent avant tout les citoyens. Ils sont en effet les premiers à souffrir d’un service public qui perd de vue son objectif premier et qui pense d’abord à ceux qui le rendent. Disons-le donc : si la qualité et l’efficacité ne sont pas au rendez-vous, c’est peine perdue. Et qu’on ne réponde pas que cette qualité ne dépend que des moyens qu’on y met ! L’argent ne rend pas intelligent : même si on doublait le budget des ministères, des collectivités et des hôpitaux, on ne résoudrait pas les problèmes posés.
Les exemples étrangers regorgent d’initiatives qui apportent des réponses nouvelles et efficaces aux défis auxquels sont confrontés les services publics.
Pourtant, la pénurie contraint parfois à lancer des démarches innovantes, pour le bien de tous. Je considère à ce sujet que les réflexions et les actions menées dans une logique de design des politiques publiques sont probablement ce qu’on a trouvé de mieux pour répondre à la difficile question du « faire plus avec moins ». Elles résument tout ce qui fait à mes yeux la qualité du service public : innovation, réflexion sincère sur ses pratiques, association des publics à la décision, réinvention de l’action avec une codécision très forte des fonctionnaires eux-mêmes, recours à de nouveaux outils de diagnostics et d’action… Le design n’est certes pas un remède miracle, mais il porte des espoirs nouveaux.
Dernier point vital : reconnaissons que la culture de l’administration française est très autocentrée et qu’elle aurait tout intérêt à acquérir le réflexe, si peu présent, d’aller voir ailleurs. Les exemples étrangers regorgent d’initiatives qui apportent des réponses nouvelles et efficaces aux défis auxquels sont confrontés les services publics. Nous gagnerions tous à davantage d’ouverture.
Qualité, innovation, modestie, remise en cause permanente, ouverture vers l’autre, réactivité, agilité, défense du bien commun…