La difficulté dans ces périodes de crise économique est d'abord la perte de confiance ou plutôt l'émergence d'une défiance généralisée. Pas seulement celle des marchés que les médias nous servent régulièrement mais aussi celle qui s'introduit au quotidien dans les entreprises.
Quelques exemples simples et quotidiens : le chef d'entreprise qui voit arriver des temps difficiles pense prioritairement à « resserrer les boulons ». C'est naturel et souhaitable. Généralement cela s'accompagne de la mise en place ou d'une application plus stricte des procédures de contrôle.
Ce qui est également naturel, et humain, est que cette montée des contraintes quotidiennes introduit parmi les salariés la défiance vis à vis de l'entreprise soupçonnée de vouloir les « fliquer ». La spirale est enclenchée.
Or, en période de crise, de quoi a besoin l'entreprise ? D'abord de ne pas perdre de clients, de talents, de compétences qui lui permettront de mieux faire face à l'intensification de la concurrence. Les clients n'aiment pas les entreprises frileuses ou procédurières. Les talents ont besoin d'espace de liberté et d'initiatives pour s'exprimer correctement. Les compétences ont besoin de reconnaissance pour donner leur pleine mesure.
Le management en temps de crise se pose donc essentiellement comme un arbitrage entre une défiance nécessaire pour ne pas déraper et une confiance indispensable pour continuer à aller de l'avant.
C'est un exercice difficile mais aucun dirigeant ne peut y échapper dans la période actuelle. La rigueur porte en germe la défiance. Ce sera l'enjeu politique majeur du futur président. C'est aussi un enjeu fondamental pour les entreprises pour traverser la crise actuelle.