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Nombreuses sont les analyses des votes FN dans les campagnes qui soulignent un sentiment d’exclusion par rapport à un pouvoir central, à des élites urbaines qui méprisent ces ploucs, à la peur de sombrer dans un inconnu sans espoir.
Les freins à cette évolution que constituaient ces élus locaux engagés ne peuvent plus servir de digue au désespoir ambiant. Ils sont eux-mêmes confrontés à des fusions d’EPCI sur des territoires de plus en plus grands et leur représentativité est désormais plus que réduite. Ces élus ne peuvent plus porter les aspirations de leurs habitants rencontrés chaque jour devant l’éloignement tant géographique qu’humain des centres de décisions.
Si quelques voix se sont élevées à ce sujet, malheureusement le mépris a repris force et vigueur dès la rentrée 2016.
Payer à la place d’opérateurs richissimes
Alors que l’État s’était engagé à faire financer par les opérateurs téléphoniques (avant la fin de l’année) la couverture des zones blanches téléphoniques, les communes concernées découvrent que le financement de l’infrastructure (le pylône et son raccordement téléphonique) sera à leur charge. Cet investissement est énorme pour un budget de commune (100 000 euros), mais il est ridicule pour des opérateurs téléphoniques qui alignent les milliards d’euros pour s’acheter une banque (Groupama pour Orange), des droits de télévision pour retransmettre le foot anglais (Altice) ou qui vont empocher des plus-values substantielles dans la vente de leur réseau (Bouygues). Payer à leur place : ce n’est pas audible pour ces communes rurales.
Les communes découvrent que le financement de l’infrastructure (le pylône et son raccordement téléphonique) sera à leur charge.
Déjà par le passé, pour être « raccordées au monde », elles ont dû, au fil des ans, financer les relais de télévision, financer les locaux d’accueil de services publics (poste, trésorerie, gendarmerie…), se battre pour obtenir et souvent financer l’installation de cabines téléphoniques, voire même de distributeurs de billets (pour permettre à leurs habitants et aux touristes d’acheter sur un marché local)… Aujourd’hui, et pour les mêmes raisons, elles se lancent dans la reprise de stations-service, distribuant du carburant à leurs frais et avec un système d’aides qui a été ridicule (le Fisac faisait poireauter des années avant d’envisager d’examiner le dossier présenté) mais qui vient d’être heureusement réformé.
Un coup de poignard dans le dos
Dans les départements et régions qui ont établi un plan de développement de la fibre optique, les communes éloignées de la métropole ont découvert, il y a quelques années, que les villes ne paieraient rien (les opérateurs étant prêts à financer ce développement aisément rentabilisé) alors que les campagnes devraient mettre quelques centaines de milliers d’euros sur la table pour rester compétitifs en termes d’offres de service, notamment pour les entreprises.
C’est un véritable bras d’honneur à une expression politique dont on peut condamner la forme mais dont on se doit de comprendre les raisons.
Ce dernier abandon de l’État est un coup de poignard dans le dos de ces communes rurales qui se sentent délaissées. C’est un véritable bras d’honneur à une expression politique dont on peut condamner la forme, mais dont on se doit de comprendre les raisons.
Le maintien de services publics à tout prix dans ces communes n’est pas une fin en soi (les agences postales n’ont pas forcément une grande utilité). Mais l’accès à des technologies d’aujourd’hui permettant d’espérer et de pouvoir accueillir des activités les utilisant… est un devoir de solidarité territoriale et de solidarité tout court.