De nouveaux modes de mobilisation au service des transitions

Domitien Détrie
De nouveaux modes de mobilisation au service des transitions

© Adobestock

Engoncés dans nos habitudes confortables, nous avons du mal à réfléchir autrement. Or, penser le monde des transitions rend nécessaire d'envisager de nouvelles manières de faire. Celles et ceux qui s'y sont essayés montrent l'efficacité de ce pas de coté.

La notion de transition irrigue le discours politique et les politiques publiques. Promesse d’une vision transformatrice en profondeur, elle tente une synthèse entre des mutations d’ampleur, économiques, sociales et environnementales, et leur nécessaire traduction dans l’action publique, la vie économique et la vie en société. Elle propose un cap qui doit mobiliser toutes les énergies collectives au travers d’un chemin dessiné en commun.

Dessiner une société en transition, incarnation d’un futur désirable, crée bien plus d’énergie et de force transformatrice que l’approche morale ou la contrainte.

Mais la réalité est plus prosaïque, marquée par une succession de « petits pas » et d’approches trop thématiques ou trop technologiques pour faire système et susciter une dynamique irréversible. A contrario, certains territoires ont obtenu des résultats significatifs et nous indiquent le chemin possible. Ils ont travaillé dans trois directions simultanées qui sont autant de conditions de réussite des démarches complexes que sont les processus de transition.

| Lire aussi :  Avis de chantier sur les finalités de l’action publique |

Parler aux imaginaires

D’abord, ils ont considéré que la transition est plus affaire de conduite de changement que d’ajustements technologiques. Autrement dit, ils se sont attaqués à la transformation des imaginaires en partant des représentations des acteurs, en donnant la parole à leurs émotions/sensibilité pour construire par étape des récits communs, qui ne sont pas des projections technocratiques mais des constructions collectives faisant écho à l’expérience et aux aspirations de chacun, en tant qu’individu mais aussi et surtout en tant que partie prenante d’une communauté ou d’une société.

Emmener les décideurs publics, élus ou cadres, dans ces dynamiques de transition ne se décrète pas tant les résistances au changement sont importantes.

Ensuite, ils ont accordé une importance particulière à la question du désir comme moteur de l’action et pour créer des dynamiques d’engagement. Dessiner une société en transition, incarnation d’un futur désirable, crée bien plus d’énergie et de force transformatrice que l’approche morale ou la contrainte.

| Lire aussi :  Aménagement, urbanisme et mobilités : les territoires périurbains laboratoires de nouvelles approches |

Créer des coalitions d’acteurs

Enfin, ils ont inventé de nouveaux modes de mobilisation des acteurs autour de quelques principes essentiels : une approche ascendante et non descendante du changement social, une attention forte portée aux dynamiques de coopération entre différents niveaux d’organisation territoriale et différents types d’acteurs. Effets concrets : créer des coalitions d’acteurs engagés pour construire ces récits, les incarner dans des chemins de transformation faits d’expérimentations, de périodes de maturation et d’accélération.

Beaucoup d’initiatives répondent à cela aujourd’hui, mais trop souvent pour partie et pour une avant-garde restreinte.

Emmener les décideurs publics, élus ou cadres, dans ces dynamiques de transition ne se décrète pas tant les résistances au changement sont importantes. Leur « référentiel métier » gagnerait à évoluer dans quatre directions pour être à la hauteur des enjeux : savoir accueillir des processus de gouvernance plus ouverts, en logique d’intelligence collective ; savoir penser et manager la transversalité ; savoir porter de l’innovation et du mode projet face aux modèles dominants ; apprendre ou réapprendre à coopérer.

Beaucoup d’initiatives répondent à cela aujourd’hui, mais trop souvent pour partie et pour une avant-garde restreinte. L’enjeu est désormais de massifier ces réponses, notamment par des actions de formation-action en continu, pour créer un terreau structurellement plus favorable à la conduite des transitions.

| Lire aussi :  Refondons l'action publique locale : une nouvelle grammaire de l'action publique |

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