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« 5 % à 10 % des agents d’intérêt métropolitain »
Pour lui, en effet : « la métropole ne reprendra que 5 % à 10 % des compétences des agglos actuelles. Cela signifie que la grande majorité des agents ne seront pas d’intérêt métropolitain. Quel devenir pour les agents relevant d’une communauté d’agglomération disparue et que les établissements successeurs (syndicats intercommunaux, conseil de territoire, communes) ne voudront pas reprendre ? ». Pour Hervé Cauchard, DGA à la CA du Haut-Val-de-Marne : « Au niveau des équipes de DG, nous ne nous sentons pas de tenir un discours lénifiant à l’ensemble de nos agents du type : tout va aller bien ».Quand on évoque leur carrière personnelle, peu de certitudes, beaucoup d’interrogations. « Ce qui est sûr, c’est que mon poste de DGS à moi va être supprimé au 31 décembre 2015 » rappelle un DGS, en poste dans le sud de la petite couronne. Pour le reste, les DG et DGA interrogés sont dans le flou quant à leur devenir.Concurrence des fonctionnaires d’État et de la ville de Paris
La première interrogation porte sur la réduction du nombre des emplois fonctionnels : « Évidement, il n’y aura pas 17 DGS dans la métropole », rappelle Béatrice Le Tual DGA à la communauté d’agglomération de Val de Bièvre.Quant aux postes centraux de la métropole : « Nous risquons de subir la concurrence de nos collègues de la fonction publique d’État et de l’administration parisienne », souligne un DGS. Ce dernier relaie un sentiment largement répandu parmi nos témoins. Jacques Marsaud, DGS de Plaine Commune, ajoute une coloration plus politique : « La ville de Paris a une stratégie de conquête du pouvoir dans la métropole. Comment les élus et territoriaux de banlieue vont-ils y trouver leur place ? ». Murielle Floch, DGS du Bourget prévoit pour sa part « un monopole de l’administration territoriale par des hommes d’appareil ». Sous-entendu : loin des élus de terrain, des populations et de leur demande sociale.Deuxième inquiétude, celle d’un travail moins intéressant. « Actuellement, les cadres de la communauté d’agglomération ont une proximité avec les élus et un pouvoir de décision propre » explique un DGS. Les DG ont du mal à se projeter dans les conseils de territoire, subdivisions administratives de la métropole créées par la loi et sans personnalité juridique : « Je ne vois pas les DGS et DGA devenir secrétaires généraux d’arrondissements parisiens », ironise Jacques Marsaud qui prédit, plus sérieusement, « une régression de carrière. Les DG ne pourront pas rester en place. »« La ville de Paris a une stratégie de conquête du pouvoir dans la métropole. Comment les élus et territoriaux de banlieue vont-ils y trouver leur place ? » s’interroge le DGS de Plaine Commune.
« Retour à l’âge de pierre »
Par ailleurs, les personnes interrogées craignent que la métropole du Grand Paris passe par pertes et profits des constructions communautaires érigées patiemment au fil des années. Bâties autour des projets d’élus de terrain et des relations tissées au fil du temps. Murielle Floch parle d’un « retour à l’âge de pierre de la coopération intercommunale ». La métropole, perçue comme technocratique, risque de casser la coopération horizontale et souple qui s’était instaurée avec ses collègues DG de la communauté d’agglomération de l’aéroport du Bourget.« 50 à 60 DG sur le carreau »
Flou sur leur devenir, incertitude sur les institutions futures… Pour la majorité de nos témoins, tout se jouera au sein de la mission de préfiguration de la MGP qui travaillera réellement après les municipales. Mais pour beaucoup, l’avenir est ailleurs. « Il y aura 50 à 60 DG et DGA sur le carreau » estime Jacques Marsaud. « Certains cadres vont se mettre sur le marché après les municipales » estime Patrice Girot, qui prédit une mobilité supérieure à celle constatée après les élections de 2008.TÉMOIGNAGE « On doit aller plus loin dans l’efficacité » « La communauté d’agglomération de Val de Bièvre a été créée il y a 13 ans. Avec elle, nous sommes peut-être arrivés au bout de ce que l’on pouvait faire en termes de rationalisation des services et de développement de projets. Aujourd’hui, on doit aller plus loin dans l’efficacité, et si la métropole peut permettre de faire fructifier tout ce que l’on a fait ensemble pour le compte de la population, il faut s’en saisir. Ce qui m’importe, c’est notre culture de projets, et elle doit être préservée. Après, être payée par la communauté d’agglomération ou la métropole importe peu. N’oublions pas que la métropole sera ce que nos décideurs voudront bien en faire. » Béatrice Le Tual, DGA à la Communauté d’agglomération de Val-de-Bièvre.
Trois questions à… Stéphane Le Ho« Intégrer une logique de double hiérarchie » « Plusieurs DGS pointent le risque que de nombreux personnels se retrouvent sans emploi à la suite de la disparition de leur établissement public de coopération intercommunale (EPCI)… Lors de l’élaboration de la loi, j’ai défendu l’idée que tous les agents des EPCI puissent rester dans les territoires et qu’ils ne retournent pas dans les communes ou dans des syndicats intercommunaux. Toutefois, pour que cette solution s’applique, il serait nécessaire que les territoires restent des lieux de mutualisation des politiques communales. Au 1er janvier 2016, les agents intégreront la MGP pour une période transitoire en attendant la définition de l’intérêt métropolitain. Quel que soit l’avenir des conseils des territoires, le rôle de la mission de préfiguration sera de trouver les conditions qui permettront de sécuriser les agents des EPCI. Des DG craignent une baisse d’intérêt pour leur travail au sein de conseils de territoires sans réelle autonomie. Je comprends qu’avec la création d’une nouvelle structure centrale, il y ait la crainte de perdre des marges d’autonomie. Cependant, la mise en œuvre des politiques métropolitaines sera réalisée en grande partie par les territoires. Le double niveau métropole/territoire obligera les cadres et en particulier les DGS à intégrer une logique de double hiérarchie : celle du président de leur conseil de territoire et celle du président de la métropole. La place future de l’administration parisienne est jugée trop importante par certains. Pour l’instant, personne ne dispose d’une place particulière. La MGP sera un EPCI relevant du statut de la fonction publique territoriale. Lors de l’élaboration de la loi, les fonctionnaires de la ville de Paris, qui disposent d’un statut particulier, demandaient logiquement des garanties. La loi précise simplement ces garanties. »