Démocratie participative : éloge de la sincérité

Nicolas Braemer

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Démocratie participative : éloge de la sincérité

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Minimum syndical en matière de démocratie locale, les conseils de quartier sont encore confrontés au mépris et à la réticence de nombreux élus. Pourtant, la grave crise démocratique que nous vivons réclame des réponses autrement ambitieuses. Mais la révolution dans les têtes reste à accomplir.

Je discutais récemment avec un membre actif d’un conseil de quartier d’une grande ville, qui me racontait ses déboires. Pour faire vite, le sentiment prépondérant était que les élus municipaux, maire et premier adjoint en tête, prenaient de haut les conseils de quartier. Mépris, arrogance, absence d’écoute… tout y était.

Une grave crise démocratique

Passons sur le fait que des élus se permettent de mal parler à des membres, élus eux aussi, d’une instance participative. Le sentiment que, parce qu’on a été choisi par le peuple, on peut tout se permettre, est encore trop largement partagé. Il est des pays, en particulier en Scandinavie, où l’idée est installée que les élus sont redevables de leur situation vis-à-vis du « peuple » et où l’on est plus scrupuleux sur les comptes à rendre.

La démocratie participative est une réponse intéressante au malaise (doux euphémisme) de nos concitoyens.

Mais la véritable question est celle de la sincérité en matière de démocratie participative. Partons du postulat que nous traversons une grave crise démocratique (ceux qui considèrent que tout va bien peuvent arrêter de lire ces lignes). Et la réponse passe par une profonde réforme de nos institutions et un changement radical de nos pratiques politiques. On ne va pas s’étendre sur le premier élément, l’espoir semble assez mince de ce côté. On peut en revanche considérer que l’amélioration de la démocratie locale reste à portée de main et que la démocratie participative est une réponse intéressante au malaise (doux euphémisme) de nos concitoyens.

Un impératif : la citoyenneté active

Ceux qui travaillent depuis des années sur ces sujets commencent à être entendus et les choses avancent. Des élus locaux, assistés par des cabinets et des experts, se lancent dans des démarches plus ou moins ambitieuses : jurys citoyens, référendums locaux, conseils de quartier, votations… L’objectif, pour reprendre les mots utilisés par le réseau « Territoires hautement citoyens », est de mettre en œuvre une « transition démocratique vers une citoyenneté active au service de l’intérêt général ».

La crise démocratique nous oblige à apporter des réponses à la hauteur, qui ne souffrent ni demi-mesures, ni cynisme.

L’ambition démocratique de cette démarche – mais elle n’est pas la seule – tranche avec le minimum syndical, et historiquement daté, que sont les conseils de quartiers, car leur généralisation remonte à plus de dix ans, et leur efficacité à répondre aux enjeux du moment est pour le moins réduite. Ils sont aussi le symbole de situations, encore majoritaires, dans lesquelles les élus considèrent que donner la parole aux citoyens entre deux élections n’est, au mieux, pas vraiment nécessaire et qui continuent de voir la démocratie directe comme un gadget ou, pire, un danger.

La démocratie n’est pourtant pas une option. Et la crise démocratique nous oblige à apporter des réponses à la hauteur, qui ne souffrent ni demi-mesures, ni cynisme, ni réticences, ni peur de partager le pouvoir, ni défense des situations acquises, mais courage politique, volonté de se remettre en cause, rupture avec la facilité et sincérité dans la démarche. Sur cette base, alors, tout est possible, y compris le meilleur.

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