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Les conseils départementaux, certains en tout cas, sont les symboles des dérives de la décentralisation. Les départements ont permis la constitution de micro-États semi-féodaux, dans lesquels les seigneurs/présidents distribuent les subventions comme autrefois les prébendes. Un système moribond auquel il est temps que la réforme territoriale mette fin.
Scène d'un département avant la réforme territoriale
La scène se passe dans un département, avant les dernières élections et avant la réforme territoriale. Comme tous les ans, dans l’amphithéâtre, se joue une bien mauvaise pièce. Les maires sont là, assis sur les sièges des élus départementaux. Ils doivent être là, tendant leur sébile. Sinon, ils seront privés de subventions. Portant sur la voirie plus que sur des projets de développements, bien sûr.
La présidente lit, une à une, les subventions octroyées par sa magnificence. À chaque nom de subvention communale, les maires doivent se lever, et dire « Merci, Madame la présidente ».
Faute de pouvoir les priver de dessert, on les prive de subvention d’un trait de plume vengeur.
Quelques-uns, écœurés, ne sont pas venus participer à cette mascarade. Faute de pouvoir les priver de dessert, on les prive de subvention d’un trait de plume vengeur.
Un système départemental moribond
Alors non, ne pleurons pas trop sur les crises des finances publiques. Oui, la situation est terrible. Mais, partout, nous voyons des communes et des communautés forcées de hiérarchiser leurs priorités en fonction des besoins du territoire, et non plus de saupoudrer au fil des clientèles et des promesses de mandat, nonobstant les inepties, parfois, de celles-ci. Oui, les communes ont du mal, financièrement. Mais enfin, on arrête de multiplier les salles polyvalentes aussi vides que coûteuses.
L’auteur de ces lignes qui a vu de près, pendant vingt ans, prospérer le féodalisme d’un certain type de conseils généraux a du mal à pleurer ce système moribond.
Certes, les communautés n’ont plus d’abondantes DGF. Mais, de plus en plus souvent, elles cessent maintenant d’acheter la paix sociale au profit de vrais projets de territoire.
Et oui, les départements explosent sous le poids du RSA. Mais l’auteur de ces lignes qui a vu de près, pendant vingt ans, prospérer le féodalisme d’un certain type de conseils généraux a du mal à pleurer ce système moribond. Ou alors en versant des larmes de crocodile, sur les caïmans d’une politique d’un autre âge. Vivement une nouvelle réforme territoriale !