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Les cours de récréation, complètement has-been ? De plus en plus d’élus ou de responsables des écoles, collèges et lycées réfléchissent à l’agencement de ce lieu de vie central qu’est la cour d’école.
Lieu d’échanges où se retrouvent les différents acteurs de la vie scolaire, la cour participe à l’éducation des enfants, qui y apprennent la vie en groupe : c’est un lieu de transposition du savoir-être. Partant de ce principe, on voit clairement comment, dès l’enfance, les questions de mixité et d’égalité fille-garçon peuvent ancrer certaines habitudes ou stéréotypes dans les esprits.
Des aires de jeux ouvertes
Si la majorité de ces cours de récréation ne sont qu’un vaste carré de bitume sur lequel sont tracées quelques lignes de démarcation pour terrain sportif, certaines commencent à prendre des formes plus variées.
En arrière-plan de ces transformations, deux lignes directrices : d’un côté, la nécessité de supprimer l’effet « îlot de chaleur » en été et, de l’autre, celle de mieux répartir l’espace entre filles et garçons, pour générer une mixité réelle et effective.
Certaines écoles ont même testé, dans les années 1960, l’ouverture des cours sur la rue
Mais d’autres questions peuvent également se poser : doit-on mêler les différents âges, entre maternelle et élémentaire ? Et pourquoi pas mêler les enfants à d’autres publics, lorsque les bâtiments regroupent plusieurs structures comme une crèche ou un centre social ?
Certaines ont même testé, dans les années 1960, l’ouverture des cours sur la rue. Mais à l’heure actuelle en France, ces écoles ont rebâti des murs. En revanche, en Allemagne, les clôtures n’existent pas et la plupart des écoles sont ouvertes sur leur environnement. Et du côté de la Suisse, les cours sont considérées comme des aires de jeux ouvertes et deviennent des équipements de quartier utilisés par les habitants en dehors des temps scolaires.
Nécessaire lifting
En France, les cours, « asséchées » ces dernières années, ne présentent plus guère de caractéristiques : la majorité se contente de quelques peintures au sol, d’un panier de basket et/ou d’une cage de foot et de quelques arbres proprement cernés par le bitume.
Avec la montée des températures, notamment dans les villes, les collectivités commencent à percevoir le rôle d’îlot de chaleur que jouent ces espaces. Au Canada, depuis bientôt une décennie, une politique de reverdissement a été mise en œuvre pour lutter contre les augmentations de températures.
Des cours « oasis »
Paris suit le même chemin depuis 2018, avec le réaménagement de trois premières cours « oasis ». Un asphalte noir remplacé par du béton drainant recouvert de peinture claire, des revêtements alvéolaires autour des pieds d’arbres, de vastes surfaces végétalisées, un potager pédagogique, un arbre à grand ombrage et des plantes grimpantes sur les façades… et dans ces lieux repensés, des jeux, une fontaine à eau et un brise-soleil pour éviter l’effet barbecue.
Durant l’été 2019, quarante cours de récréation parisiennes devraient avoir droit au même lifting
En cas de pluie, les eaux ne sont plus dirigées vers les égouts – ce qui pouvait provoquer une saturation – mais elles sont drainées par le sol, qui lui, sèche bien plus rapidement. Pour une école, la ville de Paris estime son budget à 320 000 euros, soit 15 % de plus que s’ils avaient simplement procédé à une réfection du bitume.
Durant l’été 2019, quarante cours de récréation parisiennes devraient avoir droit au même lifting.
Réhumaniser les cours d'école
Cette réflexion s’accompagne du sentiment de devoir réhumaniser ces cours, pour intégrer différents matériaux et du mobilier sans usage fléché, qui offre aux enfants la possibilité de créer leurs propres jeux. À Tours par exemple, le sol d’une cour d’école est désormais composé de graviers par endroits, de sols souples et de pelouses, le tout agrémenté de murets, pour offrir des espaces de détente et des espaces de jeux pour les élèves.
Offrir des recoins, stimuler le jeu et l’imagination, mais aussi une meilleure répartition des garçons et des filles grâce à un aménagement bien pensé, voilà la cour de demain.