© Adobestock
Alors que les collectivités sont confrontées à un déficit d’attractivité, l’engagement des agents et leur épanouissement au travail doivent plus que jamais constituer l’objectif de toute politique managériale. Faut-il à nouveau rappeler qu’engagement et épanouissement sont les déterminants de la performance d’une équipe dans la durée ? Pour autant, il faut disposer des leviers concrets et transformateurs. J’en identifie trois, qui paraissent insuffisamment engagés.
| Écoutez notre podcast : Convictions territoriales, Aissia Kerkoub-Türk : « La première source de performance des collectivités, c'est le management des hommes et des femmes » |
Incarner la sobriété
Le premier se résume en une phrase : « ceux qui font peuvent être ceux qui décident ». Pour y parvenir, point de théorie, ou de modèle prêt-à-porter : de l’action et du cousu-main pour permettre la prise d’initiative, l’autonomie des équipes, et redéfinir le rôle du manager et les responsabilités de chacun. La presse territoriale se fait l’écho de ces nouvelles pratiques en développement. Mais tant que managers et élus ne s’intéresseront pas vraiment à la libération des organisations, pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une mode mais d’un puissant levier pour réinventer le service public, nous resterons au milieu du gué.
«Tant que managers et élus ne s’intéresseront pas vraiment à la libération des organisations, nous resterons au milieu du gué»
Le second levier est évidemment la nécessité de tenir compte des impacts des crises climatiques et énergétiques. Les collectivités font évoluer les politiques publiques vers davantage de sobriété, mais les renoncements sont encore timides et il s’agit aussi de donner plus de place à ces sujets dans le quotidien des agents, quelles que soient leurs fonctions. Les bouleversements majeurs qui nous préoccupent chaque jour davantage ne peuvent rester aux portes de nos services. Sous peine d’une crise de sens et d’un désengagement professionnel.
| Lire aussi : Pour un management à la hauteur des aspirations de la société |
Le chantier indemnitaire
Le troisième chantier a disparu des radars : la fin du précédent mandat présidentiel avait esquissé la perspective d’une refonte du système de rémunération, mais ce chantier semble suspendu. Pourtant, disposer de perspectives et de leviers sur la rémunération constituent un facteur d’engagement, et un outil managérial potentiel. Surtout, le système territorial est particulièrement fragilisé puisqu’il ne garantit plus de perspectives de progression salariale pour une partie des agents de catégories B et C. Quant au Rifseep, les réalités de son application ne lui permettent pas de servir de levier de reconnaissance.
Si les deux premiers chantiers relèvent de la responsabilité des managers, avec le soutien de leurs élus, il serait tentant de renvoyer le sujet de la rémunération à celle de l’État qui, après tout, dispose de la compétence de faire évoluer les règles. Ce serait oublier que les collectivités seront les premères à critiquer l’inaction ou une réforme inadaptée aux besoins de la territoriale : représentants des agents territoriaux, des élus locaux, soyez force de proposition !