Depuis une dizaine d'années, les gouvernements successifs tentent de trouver des solutions pour combattre les déserts médicaux, maniant à la fois la carotte et le bâton, mais sans grand succès jusqu'ici.
LE DIAGNOSTIC
La France souffre d'une mauvaise répartition territoriale de ses médecins, pourtant nombreux. Le mal va s'accentuer car un quart d'entre eux va partir à la retraite d'ici à 2017.
Or la nouvelle génération de médecins, en majorité des femmes, ne veut plus s'établir de façon isolée, rechigne à exercer au fin fond des campagnes ou dans les quartiers à risques des grandes agglomérations, et refuse de faire les "journées à rallonge" de leurs aînés.
La petite minorité qui accepte d'aller dans les "déserts" veut travailler en structures de groupes, dans lesquelles exercent plusieurs confrères, et d'autres professionnels de santé.
LE CONSTAT EN CHIFFRES
Selon le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), 216.142 médecins actifs ont été recensés au 1er janvier 2012.
199.821 étaient en "activité régulière" (hors remplaçants et médecins temporairement sans activité), dont 92.477 généralistes et 107.344 spécialistes.
La densité moyenne des médecins en activité régulière est donc élevée avec 306,2 médecins pour 100.000 habitants, mais très inégale (Picardie 237,1, Provence-Alpes-Côte d'Azur 367,8).
Les femmes représentent 42% du corps médical et 56% des nouveaux inscrits (59% en 2017)
Encore peu nombreuses (plus de 400) les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) progressent néanmoins: un millier de projets ont été répertoriés.
DES MESURES COERCITIVES ABANDONNEES
Des mesures contenues dans la loi Bachelot (Hôpital Patients Santé Territoires, 2009) ont fait polémique. Il était notamment prévu une amende de 3.500 euros à l'encontre des médecins libéraux refusant d'aller exercer une partie de leur temps en zones sous-dotées. Elles ont été gelées puis retirées par le biais de la loi Fourcade (2011), à la demande de Nicolas Sarkozy.
A deux reprises en 2012, en janvier et en novembre, une proposition de loi du député centriste Philippe Vigier, a été rejetée. Elle prévoyait la fixation du numerus clausus en fonction des besoins au niveau régional, la généralisation des stages dans les zones déficitaires au sein de structures collectives, une régionalisation de l'internat, l'obligation pour les médecins d'exercer pendant trois ans, à partir de 2020, dans un territoire sous-doté ou encore le conventionnement sélectif en fonction des besoins.
FLOP DES MESURES INCITATIVES
Les aides et indemnités diverses à l'installation en zones sous denses, ont été nombreuses depuis le début des années 2000 mais souvent les conditions d'attribution en ont réduit les effets.
Les plus spectaculaires proviennent des collectivités qui proposent le cabinet et le logement gratuit. Ce qui profite souvent à des médecins venus de l'étranger, qui parfois ne s'adaptent pas et repartent.
L'aide la plus conséquente de l'assurance maladie, datant de 2007 octroyait un bonus de 20% sur les honoraires pour des généralistes en zones déficitaires (4.200 communes étaient potentiellement concernées). Mais il leur fallait exercer en cabinet de groupe. Le bonus, touché par plusieurs centaines de médecins a atteint jusqu'à 27.000 euros par praticien. Mais en quatre ans le "solde net" a été de seulement 50 médecins supplémentaires pour ces zones défavorisées (+3%), pour un coût élevé de 17 millions.
La nouvelle convention médicale (2011) prévoit pour des médecins s'engageant pour trois ans et travaillant en groupe une aide à l'investissement de 5.000 euros par an et une aide à l'activité représentant 10% de leurs honoraires annuels et plafonnée à 10.000 euros/an. Mais aucun bilan n'a encore été dressé.
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