École et inégalités territoriales : le rapport qui fait boum

Christine Cathiard

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École et inégalités territoriales : le rapport qui fait boum

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Il s’appelle « Géographie de l’école 2014 », il est publié par le ministère de l’Éducation nationale et il nous apprend des choses étonnantes…et tristes. En 2010, 12% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont aucun diplôme supérieur au brevet.
Ce rapport (que vous retrouvez en entier en cliquant ici) commence par quelques mots du ministre Benoît Hamon, qui explique son but : lutter contre les inégalités : « La Géographie de l’École contribue à éclairer la lutte qu’en tant que ministre de l’Éducation nationale je me suis engagé à mener contre les inégalités à l’école, qu’elles soient sociales, de sexe, d’origine ou de territoire. Quantifiant des disparités quelquefois criantes, à l’image des difficultés des élèves en lecture qui varient parfois du simple au triple d’un département à l’autre, elle permet d’affiner notre action de terrain. À ce titre, cet outil permet par exemple d’orienter notre politique de l’éducation prioritaire, qui vise à « donner plus à ceux qui ont moins », pour citer Alain Savary ».Maternelle_instit_Phovoir

Deux approches pour ce rapport

Deux approches différentes sont proposées.La première présente des indicateurs regroupés par fiches thématiques et par chapitres.– l’environnement économique et social renseigne sur les situations démographiques et sociales, en se concentrant sur les enfants de moins de 17 ans : répartition par profil de territoire et selon l’environnement familial, notamment le niveau de diplôme et de revenu des parents.– le contexte scolaire s’intéresse aux modes d’accueil et de scolarisation proposés aux élèves et étudiants : scolarisation précoce, en enseignement adapté, enseignement privé, éducation prioritaire ou apprentissage, filières de formation fréquentées par les lycéens et étudiants, conditions d’accueil dans les établissements.– les moyens et les ressources humaines présentent la mesure des coûts moyens par élève selon le niveau d’enseignement, en distinguant la participation des collectivités territoriales de l’effort consenti par le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette partie renseigne aussi sur les taux d’encadrement des élèves, le personnel enseignant et sa mobilité, le personnel administratif et technique.– les parcours scolaires et les résultats s’intéressent aux fréquences de scolarisation, de retards scolaires, de poursuite d’études dans le second degré et le supérieur ainsi qu’aux niveaux atteints à l’issue de l’enseignement secondaire. Les résultats présentés sont à la fois internes au système éducatif (maîtrise de la lecture, réussite aux examens) et externes (accès à l’emploi selon le diplôme possédé).

Les zones à risque d’échec scolaire

Le dossier de Gérard Boudesseul et al. (Céreq), met en regard, sous forme de cartes, les zones à risques d’échec scolaire caractérisées par des situations difficiles sur le plan économique, social et culturel, et les parts des non-diplômés parmi les jeunes de 15 à 24 ans non scolarisés. En proposant une typologie socio-économique des cantons, ils proposent une vision fine sur les atouts et les difficultés, les caractérisant en termes d’environnement plus ou moins propice à la réussite scolaire.

Analyse des disparités territoriales

Le dossier de Pascale Guillois et al. (SSA Bordeaux – DEPP) propose une analyse des disparités territoriales dans l’académie de Bordeaux au niveau des zones d’animation pédagogique (ZAP) dans les poursuites d’études dans l’enseignement supérieur. L’académie de Bordeaux présente ainsi des disparités plutôt fortes dans l’accès des élèves de troisième à l’enseignement supérieur.

Niveau de diplôme et niveau social des parents

En Guyane, seuls 19% des enfants ont un parent ayant au moins le baccalauréat, 26% à la Réunion. Pour l’Aisne, la Marne, l’Yonne et l’Orne, entre 33 et 36%. A l’opposé, à Paris, dans les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Haute-Garonne, cette part est supérieure à 61% (70% à Paris). Ce chiffre est de 50% en Isère, Haute-Savoie, Val-de-Marne, Essonne, Finistère, Loire-Atlantique, Gironde, Pyrénées-Atlantiques.Cours_primaire_Phovoir

Le taux de scolarité à deux ans a reculé en dix ans

Et ce, même dans les départements où leur scolarisation est traditionnellement forte comme le Nord Ouest, le Nord et le Massif Central. A l’inverse, un tiers des enfants de deux ans est scolarisé dans le Nord, le Finistère, le Morbihan, la Lozère et la Haute-Loire.
Deux élèves handicapés sur trois sont dans une classe ordinaire

Élèves du privé : chiffre stable

Le privé accueillait 897 400 élèves en 2013, soit 13,3% des élèves du premier degré, stable depuis 10 ans. Sauf Rennes et Nantes, un tiers de ses effectifs sont scolarisés dans le privé. A Paris, Lyon ou Lille, c’est 25%. En revanche, il y a davantage d’élèves dans le privé du second degré depuis dix ans, un lycéen sur 5.
En 2010, 12% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont aucun diplôme supérieur au brevet
Un quart des étudiants se concentre en Ile-de-France. On constate une dépense moyenne de 5100 euros par élève. En 2011, 71 milliards d’euros. En matière de dépenseS, l’ordre des régions est comparable dans le premier et le second degré et légèrement différent dans l’enseignement supérieur.Jeux_Ecole_Primaire_Phovoir

Baisse de la scolarisation des 16-24 ans

Entre 2002 et 2011, il a baissé de 1,1%, surtout dû à l’enseignement secondaire (-7,5%)… et variable selon les régions, de 9,4 points en Martinique à 0,1 point en Pays de la Loire. Le retard en cycle général et techno est plus élevé dans les académies des grandes agglos. Après la troisième, 58% des élèves s’orientent en second cycle général et technologique et 36% en cycle professionnel. En 2011, 8 jeunes sur 10 ont achevé leurs études secondaires au niveau bac et un sur 10 avant la dernière année du second cycle.

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