Ecole : mauvaise note pour la réduction des inégalités

La Rédaction

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Le gouvernement ne mène aucune "politique particulière en matière de réduction des inégalités" à l'école, allouant même des moyens à des académies bien dotées au détriment des plus nécessiteuses, selon un pré-rapport de la cour des comptes révélé par Le Monde de vendredi.


Une réforme indispensable
Dans ce "relevé d'observations provisoires", titré "L'éducation nationale et les inégalités territoriales: résultats et moyens scolaires", la cour conclut que "si le ministère de l'Education nationale souhaite réellement lutter contre les inégalités géographiques de résultats des élèves, une profonde inflexion de ses politiques territorialisées et une réforme de son mode d'allocation des moyens apparaissent donc indispensables".
"On peine à trouver une cohérence traduisant une politique d'ensemble précise", soulignent les magistrats, pour qui "le système éducatif se caractérise par des inégalités territoriales de toutes natures". Et "les moyens actuellement déployés ne permettent pas d'y remédier", ajoutent-ils.

Inégalités territoriales
Et d'asséner le coup de pied de l'âne: "alors même que les outils sont disponibles, le ministère ne se met pas en position d'analyser précisément les inégalités territoriales, leurs causes, et les moyens de les limiter".
Le ministre Luc Chatel a réagi avec virulence, accusant dans un communiqué Le Monde de faire du rapport "une interprétation partielle, partiale et partisane" et de réciter "la leçon du candidat (socialiste François) Hollande", alors qu'une porte-parole du ministère a déclaré par téléphone à l'AFP: "Nous n'avons pas le rapport".

Egalité des chances ?
"Aucun gouvernement n'a autant fait pour l'égalité des chances", assure M. Chatel.
Le ministre juge "absurde" de "comparer la dépense moyenne consacrée à un lycéen de Créteil et de Paris", comme le font le Monde et le rapport. En effet, argumente M. Chatel, "Paris concentre de loin le plus grand nombre de classes préparatoires", beaucoup plus chères, ce qui ferait mécaniquement grimper le coût par élève.
Mais il est contré par les magistrats qui pointent que "dans le second degré public, Paris constitue une singularité, avec le budget moyen par collégien et par lycéen de très loin le plus élevé de France métropolitaine", situation "tout à fait particulière" que "les critères sociaux ou de difficulté scolaire ne peuvent expliquer".

Coût d'un élève
Ainsi, un élève du second degré coûtait en moyenne 9.300 euros à Paris en 2010, suivie en seconde place par Limoges (7.326 euros), contre 6.657 euros au niveau national.
Nice occupe la 26e et dernière place avec 6.156 euros par élève, précédée de Versailles (6.185 euros). Créteil, citée par le ministre, est en 22e place à 6.320 euros.
Concernant Créteil et Versailles justement, qui ont parmi "les budgets académiques les plus importants", "il est frappant de constater" leur situation, remarquent les magistrats.

La FSU loin d'être surprise
En effet, leurs budgets, souvent examinés "en dernier" chaque année, "peuvent donc tenir lieu de "variables d'ajustement" pour les efforts globalement demandés au système scolaire, sans qu'il apparaisse clairement qu'il soit tenu compte" de la réussite des élèves, estiment-ils.
La secrétaire générale de la FSU Bernadette Groison a déclaré n'être "malheureusement pas surprise par ce rapport", qui "révèle une situation que tous les acteurs de l'éducation connaissent depuis longtemps".
"Nous n'avons cessé de dire que la politique du "donner le plus à ceux qui ont le moins" avait été abandonnée. (...) C'est un choix de politique éducative, on renonce à l'idée d'aider certains jeunes. Pourtant c'est le B-A BA du service public de l'éducation", a-t-elle déploré.

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