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Dans le dossier concernant la fiscalité, nous avons vu que toutes les entreprises et tous les secteurs économiques n’avaient pas subi le confinement de la même manière, certaines entreprises sont en grande difficulté alors que d’autres se sont enrichies dans cette période ((La Lettre du cadre territorial n° 543, décembre 2020.)). L’exemple emblématique en est Amazon, dont l’activité a fortement progressé alors que les petits commerces classés « non essentiels », notamment dans les centres-villes ont terriblement souffert. Pour cette raison, nous avons insisté sur le fait que les mesures de soutien à l’activité économique ne devaient pas être globales et indifférenciées, mais au contraire ciblées en fonction des situations réelles. Que peuvent faire les collectivités territoriales pour sortir de ces généralités et aider concrètement les entreprises ?
1- Sortir de la vision globale et catastrophiste
Au préalable, il faut insister sur un point : les savoir-faire, les équipements et outils de production, les débouchés ne se sont pas évaporés. Il y a des secteurs en récession et d’autres qui se portent bien, des entreprises en grande difficulté, et d’autres encore qui profitent de cette crise pour accélérer leurs projets de fermeture et/ou de suppression d’emploi précédemment. On peut penser aux grandes surfaces qui profitent de cette période pour supprimer des postes en caisse et généraliser les caisses automatiques au prétexte de préserver la santé des personnels ((L’argument le plus utilisé est que les caissières feront de la mise en rayon. Mais ces emplois sont déjà pourvus. Il y aura suppression nette d’emplois.)), aux grands logisticiens qui vont accélérer le déploiement des véhicules à délégation de conduite, etc.
Les statistiques publiques montrent qu’il faut mettre en place des mesures ciblées pour les plus pauvres et les plus précaires
Il ne faut donc pas voir son tissu économique comme un ensemble univoque. Pour sortir de cette vision globalisante et donc partiellement fausse, il est indispensable de connaître avec précision ce tissu économique et nous y reviendrons. Lors d’une crise, ce que l’on voit est d’abord le recul, les commerces fermés, l’augmentation du chômage, de la précarité, de la pauvreté. Cette réalité est mise en évidence par les statistiques publiques qui montrent qu’il faut mettre en place des mesures ciblées pour les plus pauvres et les plus précaires, dont les jeunes. Par ailleurs, Emmaüs, le secours catholique et le Secours populaire notamment demandent la mise en place d’un RSA jeune afin d’aider ces derniers en grande difficulté, y compris des étudiants.
La crise est donc indiscutablement violente pour les plus pauvres et les très petites entreprises et il appartient aux pouvoirs publics de mettre en place les politiques adaptées à ces publics. D’une part ce ne sont pas forcément les plus coûteuses et d’autre part ce sont celles qui ont le plus d’effet en retour : les aides versées se retrouvent massivement dans la consommation, notamment de proximité ((Soumise à TVA, de sorte que l’aide réellement versée est plus faible puisqu’une part significative repart en impôt : taux de TVA de 5,5 % sur les produits alimentaires, les serviettes hygiéniques, 5,5 % sur l’abonnement électrique ou gaz mais 20 % sur la consommation, 20 % sur l’habillement, les couches pour bébés, l’ameublement, le linge de maison, etc.)).
C’est particulièrement dans ces phases de crise qu’il faut penser « l’après »
Mais dans le même temps, une crise ne signifie pas la disparition définitive des activités, des emplois, des entreprises. C’est donc particulièrement dans ces phases qu’il faut penser « l’après ». Cela passe par les aides d’État déjà évoquées mais aussi par une réflexion sur le futur et notamment sur l’accélération des changements technologiques. En réfléchissant au futur, on peut aussi réfléchir à la réorientation de la stratégie de développement : quels sont les secteurs menacés, quels sont ceux qui offriront des débouchés et des emplois, qui sont les « faux amis », c’est-à-dire les secteurs présentés comme des solutions miracles mais qui n’apporteront pas d’amélioration véritable ? etc. Dans les crises, il faut réfléchir encore plus que d’habitude et sortir des sentiers battus, oublier les « bonnes pratiques » des autres territoires car elles ne sont pas nécessairement adaptées localement. Il faut encore plus que d’habitude penser en fonction du contexte local.