La République française
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Après l’immonde assassinat de Samuel Paty, la France cultive ce tropisme toxique pour les débats mortifères, en lieu et place de ceux qui devraient légitimement avoir lieu sur la construction de son avenir.
Personne pour répondre
Quelle nouvelle répartition des richesses avec et après la mondialisation ? Quelle place respective pour les villes et les campagnes ? Quelle démocratie réelle à l’heure des GAFAM et des réseaux sociaux ? Comment reconstruire un espoir basé sur une possibilité réelle de promotion sociale ? Quelle école pour la République d’aujourd’hui et de demain ? Personne aujourd’hui, ni à gauche, ni à droite, ne porte une vision de la République qui mette la résolution de ces questions au cœur de notre avenir commun.
Cet horizon climatique est synonyme de sauvetage de notre planète, mais surtout porteur d’un nouveau projet de société décidé ensemble
Il y a une manière d’en sortir : l’immense défi climatique qui s’impose à l’humanité. La question climatique a le mérite de ne pas nous laisser le choix. Dans moins de 10 ans, nous devrons avoir réduit de 60 ou 65% nos émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, il nous faut changer totalement de modèle de société : tout doit être remis en question pour avancer à marche forcée et avoir achevé la transition climatique en 2050.
Une nouvelle « nouvelle frontière »
Nous n’y arriverons évidemment pas avec les éternelles demi-mesures environnementales sans cesse remises en cause. Cette révolution n’aura lieu que si nous arrivons collectivement à dessiner cette nouvelle « nouvelle frontière » : cet horizon climatique, synonyme de sauvetage de notre planète, mais aussi (et surtout ?) porteur d’un nouveau projet de société décidé ensemble.
Il devra nous proposer cela, et tant d’autres choses, mais aussi et surtout nous dire comment y arriver.
Il est là, ce nouveau récit national que les politiques sont incapables de raconter aux français. Il devra nous proposer de répartir différemment et mieux les richesses, de consommer moins et autrement, de changer notre agriculture pour la faire bio et locale, d’aménager notre territoire en faisant des campagnes et des banlieues de nouvelles places où l’on vit bien. Il devra nous proposer un nouvel outil de production industriel et de services, neutre climatiquement dans ce qu’il produit mais aussi dans la manière dont il le produit. Il devra nous proposer un nouveau rapport au travail, sans doute sur la base d’une réduction accrue du temps de travail et d’un revenu universel d’existence, capable de permettre à toutes et tous d’affronter les nouvelles crises climatiques et sociales. Il devra inventer au passage un nouveau système de protection sociale. Il devra nous proposer un nouveau model éducatif et de culture, populaire, universaliste, où l’égalité des chances aura cédé la place à l’égalité réelle, où chacun recevra en fonction de ses besoins. Il devra nous proposer de nous transporter, de nous soigner, de nous vêtir, de nous loger, de nous nourrir, de nous chauffer, de traiter nos ainés… différemment et mieux.
Il devra nous proposer cela, et tant d’autres choses, mais aussi et surtout nous dire comment y arriver. Et il devra parvenir à nous y amener toutes et tous ensemble, avec l’enthousiasme et la ferveur dont nous avons fait preuve lors des grandes révolutions qui ont jalonné notre histoire collective et républicaine. Nous n’avons pas le choix, mais quelle aventure !