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Pétainiste, l'extrême-droite le reste certes, même si le dire ne suffit pas. Au moins aussi important reste de la confronter à son absence de volonté de lutter contre le bouleversement climatique.
L’épisode du « recadrage » de la Première ministre par le président de la République laisse un goût amer qui ne part pas. Voilà donc qu’à la première qui estimait que le Rassemblement national (RN) était composé « d’héritiers de Pétain », le second a répondu que le combat contre l’extrême droite « ne passait plus par des arguments moraux ». Au-delà même de l’enrichissement presque anecdotique du feuilleton des relations au sein de l’exécutif sous la Ve République, cet épisode mérite réflexion.
D’abord, parce qu’Élisabeth Borne a raison. Le Rassemblement national (quasi homonyme, ce n’est une coïncidence pour personne, du Rassemblement national populaire de Marcel Déat) est le nouveau nom d’un parti fondé par des militants d’extrême droite dont une partie avait nourri les rangs collaborationnistes, voire fascistes. Cet héritage historique est un fait. Bien plus, le discours et le programme du RN, de ses cadres et de ses militants, sont encore largement imprégnés de la pensée pétainiste, de la référence à la terre et à la ruralité à une conception de la citoyenneté basée sur le sang. Auxquels il faut ajouter l’habitude de dénoncer des populations qu’on estime incompatibles avec l’histoire et l’identité d’une France fantasmée et la fâcheuse habitude, pour des gens qui se disent nationalistes, de se soumettre à des puissances étrangères au nom de la proximité idéologique.
L’extrême droite, puisqu’elle ne veut rien changer, considère que la frontière reste notre seule arme écologique
Si tant est que cet argument soit « moral », Emmanuel Macron a tort de le disqualifier. L’extrême droite reste ce qu’elle a toujours été. Il convient toujours de le rappeler. On est d’ailleurs d’autant plus mal placé pour donner des leçons qu’on s’amuse soi-même
avec la « triangulation », en empruntant le registre lexical de l’extrême droite ou en laissant ses ministres discourir sur la mollesse de Marine Le Pen.
Mais là où il a sans doute raison, c’est que l’anathème ne suffit pas, il faut argumenter. Tentons ici d’apporter une pierre au débat en parlant des grands défis. Rien, dans ce que dit l’extrême droite, ne nous permettra de tenir la nécessaire trajectoire de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
C’est vrai des discours, parfois franchement climatosceptiques, et qui toujours empruntent à l’imaginaire du « retour à la carriole à chevaux » pour refuser toute réflexion collective sur une remise en cause de nos modes de consommation. Et la défense illusoire que les « solutions sont dans la science, le progrès ». Fermez le ban. La biodiversité? Rien. L’énergie? Un ferme refus (sous forme de moratoire) de développer les énergies renouvelables. Ni l’usage des pesticides, ni les transports aérien et routier, ni le numérique ne sauraient être régulés. Bref, l’extrême droite, puisqu’elle ne veut rien changer, considère que la frontière reste notre seule arme écologique. Et elle n’a aucune réponse sérieuse au défi climatique qui nous frappe déjà.