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La lutte contre les gaz à effet de serre, ce n'est pas trop tard, mais insuffisant. L'adaptation ? Bientôt insuffisant aussi. Il nous faut donc d'urgence penser la société d'un monde qui brûle et/ou se noie.
En cette fin d’été, rien des conséquences du dérèglement climatique n’a pu nous rassurer. La machine infernale lancée par l’humanité continue sa marche implacable : réchauffement de l’océan, multiplication des dômes de chaleur, inondations, sécheresse durable, incendies monstrueux et incontrôlables… Et en face, on continue les demi-mesures (au mieux), on multiplie les annonces sans moyens, on essaie d’acheter du temps, on rejette la faute sur les autres. Bref, l’autruche, l’autruche, l’autruche.
Franchir un nouveau pas
Face au déni, celles-et ceux qui ont été précurseurs dans la prise de conscience climatique ont pourtant déjà changé plusieurs fois de lunettes. Quand nous avons créé la nouvelle formule de la Lettre du Cadre pour la consacrer aux transitions climatiques et managériales, l’idée était d’accompagner les collectivités dans leurs efforts pour faire baisser leurs émissions de GES. Plus tard, mais c’est très récent, nous nous sommes dit que c’était déjà insuffisant et que l’heure était à la mise en place de mesures d’adaptation pour protéger les populations, notamment les plus démunies, des effets les plus violents du dérèglement.
L’heure est à prendre en compte « en temps réel » les nouvelles conséquences du dérèglement
Mais à peine ce pas franchi, il semble nécessaire d’en faire un nouveau : commencer à envisager les situations chaotiques qui vont frapper (on est déjà gentils de parler au futur…) Un exemple : ceux qui travaillent sur les canicules savaient avec certitude que nous connaîtrions un véritable « dôme de chaleur » où les températures attendraient durablement les 45°. C’est arrivé. Et ça arrivera encore, sans doute plus tôt dans l’année (comment met-on des enfants à l’abri en pleine année scolaire ?) et avec des températures encore plus élevées.
Et prenons en conscience : à chaque catastrophe, ce sont les plus précaires qui paient la facture la plus lourde. Pour ne parler que de la chaleur, celles et ceux qui n’ont pas de résidence secondaire où se réfugier, que la pauvreté confine dans de petits appartements, évidemment sans climatisation, qui sont assigné à résidence, l’été, dans les « quartiers »,.
Penser une société nouvelle
L’heure est à prendre en compte « en temps réel » les nouvelles conséquences du dérèglement, à anticiper les dégâts prévisibles et à, à l’avance, penser à protéger les plus exposés et les plus faibles. Et pour cela, doucement mais surement, à mettre en place cette « économie de guerre » en se décidant enfin à dégager les sommes colossales que le triptyque réduction/adaptation/catastrophes nous impose de trouver pour agir. Et, donc, voilà qui nous pose encore et toujours la question de la justice sociale et économique, part consubstantielle de la transition climatique.
voilà qui nous pose encore et toujours la question de la justice sociale et économique, part consubstantielle de la transition climatique.
Car enfin, il faut penser déjà une société nouvelle, marquée par la pénurie, et sans doute par le chaos et la violence, où seront posées de façon nouvelle les paradigmes de la démocratie, du vivre ensemble, bref du destin commun de l’humanité. Là où les tentations séparatistes se multiplieront, notamment des plus riches qui voudront entre eux se mettre à l’abri.