CARTE_france_13regions
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Il est grand temps d'aller au bout des politiques de décentralisation entreprises depuis des décennies !
Article publié le 29 décembre 2014
La France à treize régions métropolitaines est donc là.
Sur cette carte régionale au moins, l’exécutif aura tenu ses promesses, qui n’étaient pas des promesses de campagne, finalement rapidement et sans grands remous politiques. On aura certes cédé à quelques barons locaux (bretons, notamment), mais on aura forcé la main à d’autres : au final, le bilan politique de l’opération est honorable pour le président de la République. Si on y ajoute la création des métropoles, son bilan en la matière est même assez marqué par le volontarisme.
Mais après ? Le grand mécano dans lequel s’est lancé le gouvernement reste ce qu’il est et ce qu’il a toujours été (car l’acte II version Jean-Pierre Raffarin n’était pas plus ambitieux) : de nouveaux transferts de compétences agrémentés de quelques ajustements institutionnels.
Depuis les grandes lois de 1982/83, on cherche en vain la cohérence d’ensemble qui donnerait du souffle à ce qui serait une vraie seconde étape de la décentralisation.
Depuis les grandes lois de 1982/83, on cherche en vain la cohérence d’ensemble qui donnerait du souffle à ce qui serait une vraie seconde étape de la décentralisation. Et qui permettrait de commencer à en finir enfin avec quelques grands maux qui minent la société française. Ils sont évidemment plus nombreux que cela, mais on peut en citer trois :
- la relégation scandaleuse dans laquelle vit une grande partie de la société française dite « de banlieue », exclue du travail, des transports en commun, des services publics. La discrimination permanente dont les habitants de ces secondes zones sont victimes est le vrai cancer de la société française (pour reprendre une expression sinistre). Malgré les multiples remèdes heureusement créés avec la politique de la ville, personne n’a réellement avancé sur ce sujet ;
- l’inégalité persistante des « territoires ». Tant que les gouvernements successifs seront incapables de s’attaquer sérieusement à une réforme d’ampleur de la fiscalité locale, on verra persister un des grands scandales de la décentralisation, qui voit les habitants des villes les plus pauvres subir des taux d’impositions trois à quatre fois supérieurs à leurs voisins des villes les plus riches ;
La démocratie locale est malade depuis qu’elle existe.
- les lacunes béantes de la démocratie locale. Les lois des années 80, c’est leur grand défaut, ont installé des potentats locaux qui ne connaissent aucun contre-pouvoir sérieux. Minée par de presque infinies possibilités de cumuls de fonctions et la défaillance régulière du contrôle de l’État, la démocratie locale est malade depuis qu’elle existe.
En finir avec ces « problèmes » (doux euphémisme) suppose qu’on en finisse vraiment avec la décentralisation. Par une nouvelle étape qui ne se contente pas seulement de dévolutions de nouvelles compétences, mais par un projet qui porte une vision, un souffle démocratique nouveau, au cœur duquel vivent le service public local, l’égalité et la démocratie. Alors on pourra dire que la décentralisation a tenu sa promesse républicaine.