Et il est où, le service public ?

Nicolas Braemer

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Et il est où, le service public ?

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Comme rarement, la question du périmètre et de l’utilité du service public est absente de ce début de campagne présidentielle. À part promettre de supprimer, ou pas, des postes de fonctionnaires, les candidats ne disent rien sur la question, alors que les enjeux n’ont jamais été aussi présents. Une faillite collective.

Alors que François Fillon sort vainqueur de la primaire de la droite dite « républicaine » et en attendant que les choses se décantent encore un peu plus à gauche, on ne peut qu’être frappé par l’indigence du débat sur la question du service public.

À droite, rien de nouveau

À droite d’abord, actualité oblige, tous les candidats à la primaire se sont rejoints sur un point : la nécessité de réduire le nombre de fonctionnaires. Certes, tous n’avaient pas les mêmes « ambitions » en la matière. On parlait en centaines de milliers, mais bien malin celui qui pourrait dire ce qui a présidé à la fixation du seuil à atteindre chez chacun des candidats, à part la volonté de se situer sur un endroit particulier de l’échelle « j’aime pas les fonctionnaires ».

On parle en centaines de milliers de fonctionnaires en moins, mais bien malin celui qui pourrait dire ce qui a présidé à la fixation du seuil à atteindre.

Avec la promesse de supprimer 500 000 postes, Nicolas Sarkozy avait donc atteint l’échelon « tous les fonctionnaires sont des fainéants, y compris les territoriaux », alors qu’Alain Juppé se situait plutôt au niveau « non pas tous, certains peuvent quand même être utiles à quelque chose ».

À gauche, tiens… non plus

À gauche ensuite. Là c’est plus flou. On sent, sans vouloir faire de procès d’intention (et les bonnes surprises sont toujours possibles), qu’un Emmanuel Macron qui propose de supprimer les 35 heures pour les jeunes n’ira pas vers une politique ambitieuse de recrutement public.

Main dans la main avec Manuel Valls, François Hollande a imposé une cure d’austérité rarement vue aux collectivités locales.

Les candidatures ne sont pas fixées à l’heure où l’on écrit, mais ailleurs, il y a des actes, parfois contradictoires. François Hollande a tenu sa promesse de créer des postes dans l’Éducation nationale et mis fin à la saignée qui frappait la fonction publique, dans la Police nationale notamment. Mais, main dans la main avec Manuel Valls, il a aussi imposé aux collectivités locales une cure d’austérité rarement vue. Message, et actes, un tantinet contradictoires donc.

Lire aussi : Comment sauver le service public

Degré zéro

Tout ça pour dire qu’à gauche comme à droite, on ne peut qu’être frappé par la vacuité de la réflexion sur le service public. Les impétrants ont à ce point intégré une logique comptable de la chose publique qu’ils ne parlent qu’en nombre de fonctionnaires. Où sont les réflexions sur les fractures numériques, spatiales, sociales… qui minent notre société ? Où sont les propositions sur les zones de relégation insupportables que sont devenues nombre de nos banlieues (la gauche de ce point de vue n’a pas inventé grand-chose depuis la Politique de la ville, au début des années quatre-vingt) ?

Qui parle de projet commun dans une société qui n’en a plus, au service d’un vivre ensemble en peau de chagrin ?

Qui parle de ce que pourraient être l’objectif et le périmètre d’un service public en termes de cohésion sociale, de préoccupation en direction des plus démunis, de projet commun dans une société qui n’en a plus, de projet aussi au service d’un vivre ensemble en peau de chagrin ?

À l’heure où les enjeux pour la République et pour notre société sont au plus haut, cette précampagne est au degré zéro de la réflexion politique sur le service public. On pourrait se contenter d’en pleurer, mais il va bien falloir que chacun se remette en cause : c’est aussi parce que les citoyens ne demandent plus rien que les politiques ne se sentent plus tenus d’offrir quelque chose en termes de service public.

Lire aussi : Halte au fonctionnaire-bashing !

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