Le changement, ça se conduit. Devant les diverses formes, bienveillantes ou non, de résistance au changement, rien de pire que l'inaction. Pour le bien des agents en difficulté, comme pour celui du service public.
Nous n'entendons plus beaucoup l'expression « J'ai toujours fait comme ça », mais la nostalgie d'une stabilité perdue demeure enracinée dans la mentalité de certains agents confrontés à des
changements de pratiques professionnelles. En tant que manager, comment réagissons-nous face à cette illusion mortifère ?Nous savons bien en effet que la dynamique du vivant réside dans sa capacité permanente d'adaptation aux évolutions du contexte - à la différence de l'inanimé (encore qu'au niveau subatomique dans le moindre atome de caillou, les électrons s'agitent beaucoup si j'ai bien compris...).
Comment résistez-vous ?
Schématiquement, on peut distinguer trois types.Tout d'abord le cas très démotivant d'un
sentiment de perte de finalité du travail : l'agent considère que « ce n'est pas du boulot » car l'injonction donnée vient percuter légitimement sa représentation du travail bien fait, son identité professionnelle, voire sa conception du service public. Il convient alors d'ouvrir sereinement un espace de confrontation et d'écoute pour inventer ensemble le meilleur compromis possible entre les logiques d'action présentes.
La dynamique du vivant réside dans sa capacité permanente d'adaptation aux évolutions du contexte
Deuxième cas :
la peur de ne pouvoir faire face : « je ne peux pas faire autrement ». L'agent redoute de n'être pas compétent et la crainte de sa dévalorisation l'immobilise. Une attitude d'aide bienveillante et un accompagnement métier lui permettront de surmonter son appréhension, d'autant qu'il est facile de valoriser tous les changements qu'il a déjà intégrés ces dernières années, tant dans son activité professionnelle que dans sa vie personnelle.Troisième cas :
le refus caractériel de tout changement : « j'étais là bien avant vous et j'y serai encore après ». L'agent se considère propriétaire de son poste de travail. Qu'elle soit exprimée ou latente, cette posture d'opposition a priori ne peut rester sans réponse. Le sentiment d'impunité d'une seule personne constitue en effet la source principale de démotivation des équipes. La totalité de la ligne hiérarchique porte la responsabilité de cette forme de sabotage du service public.
Quel est votre mode de conduite ?
Après avoir identifié la diversité des attitudes au sein de votre équipe et compté les alliés prêts à coopérer, vous voilà sommé de faire face aux opposants. Faites-vous partie des autruches qui fuient pour ne pas voir le problème ? Il est alors facile de s'engluer dans les sables de la bureaucratie, de se cacher derrière les piles de dossiers accumulés pour refuser la relation.Subissez-vous les affres de l'inhibition qui vous empêchent de réagir ? Vous restez en effet sans réponse, sans initiative, semblant donner raison à l'immobilisme alors que vous ouvrez de fait votre porte à quelque trouble psychosomatique...Affrontez-vous courageusement la situation ? Vous vous considérez alors comme un responsable qui se porte garant de l'atteinte des objectifs mais aussi du développement des potentialités des agents qui lui sont confiés.Il conviendra bien sûr - avant de partir au front - d'obtenir au préalable le soutien de votre supérieur hiérarchique... à moins que celui-ci relève lui-même du troisième cas évoqué ci-dessus !