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Les maires sont-ils prêts à la transition écologique ? Difficile de se faire une idée, tant les discours semblent en retrait des besoins d'action.
Qui est, aujourd’hui, le principal ennemi des collectivités locales ? Qui représente la principale menace au bien vivre des enfants, des jeunes, des femmes, des hommes, des personnes âgées qui résident dans leurs territoires ? Si l’on en croit la rhétorique développée par le président de l’Association des maires de France, c’est, clairement, davantage l’État que le réchauffement climatique.
À l’heure où nous bouclons ces lignes, à la fin du congrès de l’AMF et, donc, de sa première année de mandat, il aura donné de nombreuses interviews et multiplié les attaques contre l’État : « tutelle de l’État », « encombrement des normes », « contraintes bureaucratiques », avec son vocabulaire particulier (d’un libéralisme un peu daté qui sent bon les années 1980). Et du climat là-dedans ? Pas un mot ou presque. Une interview dans Le Figaro ? Il prononce une fois le mot écologie, c’est tout. Une tribune dans l’opinion ? Une interview « programme » dans le journal de l’AMF ? Rien. Le changement climatique existe-t-il pour David Lisnard ?
Le congrès a été dans la même tonalité. Comment ne pas trouver faible la résolution finale, expression solennelle de l’AMF, qui ne mentionne que deux fois la question climatique et qui refuse mordicus toute contrainte sur la compétence aménagement des maires, même « au nom de l’objectif pertinent de lutte contre l’artificialisation et de développement des énergies renouvelables ».
On est prié de leur faire confiance sur ces deux sujets, en dépit même d’un passé peu probant.
D'un point de vue climatique, le bilan de ce congrès est maigre
On connaît l’ambition plus aboutie d’Élisabeth Borne sur les questions climatiques. On ne lui reprochera pas d’avoir consacré une grande partie de son discours de clôture aux questions financières, notamment pour répondre aux préoccupations des maires face à l’inflation et à la facture énergétique.
Il y a là un sujet majeur d’inquiétude et des conséquences directes sur la qualité du service public. Mais ce n’est pas anodin : la seule annonce majeure sur les questions d’environnement a été de lâcher du lest sur les décrets d’application du zéro artificialisation nette. Les questions de mobilité et de transport, aux investissements dans le réseau ferroviaire, elles ont été renvoyées à plus tard.
Bref, d’un point de vue climatique, le bilan de ce congrès est maigre. Loin de nous l’idée de sous-estimer l’action quotidienne des maires pour les transitions, mais l’image ici donnée par les têtes pensantes de l’AMF est celle d’élus arc-boutés sur des logiciels du passé qui, quand ils veulent bien en parler, voient dans la transition climatique une atteinte insupportable à une fantasmée « liberté locale » dont on voit bien qu’elle est surtout conçue comme un blanc-seing pour continuer à faire comme avant.