Faut-il supprimer votre service communication ?

Jeanne Rebuffat
Faut-il supprimer votre service communication ?

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© ulianna19970

C’est devenu un usage : chaque année, la communication des collectivités est la cible d’un média fustigeant de dispendieux excès, ou d’un parlementaire qui s’entiche de la limite des dépenses. Pour régler ce problème une bonne fois pour toutes, faut-il supprimer les services communication ?

Article publié le 15 décembre 2015.

Les dépenses de communication des collectivités locales : telle une hirondelle des colonnes et plateaux médias, le sujet est régulièrement de retour. Lors de sa dernière résurgence, son traitement avait atteint un sommet. Une application web sur le site d’un hebdomadaire exploitait les données d’un quotidien d’un autre groupe de presse et permettait aux habitants de tancer publiquement leurs édiles dispendieux via Facebook et Twitter ! Contestable sur le fond, tant l’amalgame des coûts comptabilisés était large et incohérent, comme sur la forme populiste à souhait. L’opération fit long feu et le dispositif fut prestement mis hors ligne.

Un artifice du politique ?

Cet incident n’est pas si anecdotique : il illustre un doute légitime sur la communication publique. Ne serait-elle pas qu’un artifice du politique au service de son intérêt personnel ?

Il y a toujours un doute sur la communication publique : ne serait-elle pas qu’un artifice du politique au service de son intérêt personnel ?

Si des dérives sont toujours possibles, quoique sans doute pas plus que dans toute autre activité humaine, la communication des collectivités est utile et importante, pour informer, pour valoriser et pour modifier des comportements. Affirmer et mettre en œuvre ce triptyque est le meilleur moyen éthique, pédagogique et opérationnel pour tordre le cou aux débats stériles et revendiquer une communication acceptée, saine et efficiente !

Informer, valoriser, modifier

Pour un habitant, vivre dans un territoire, c’est connaître les horaires d’ouverture d’une médiathèque, le coût d’une activité jeunesse, l’impossibilité d’emprunter une voie en raison de travaux, etc. Et pour le citoyen, c’est comprendre les raisons et les choix qui sous-tendent cette action publique. L’information est ainsi le fondement de la relation entre la collectivité et ses administrés.

La communication publique est également sociétale et vise, dans l’intérêt général, la modification de comportements.

Seconde brique, la valorisation. Donner de la valeur à un territoire, c’est le rendre désirable, par exemple pour des entreprises qui y créeront des emplois, des professionnels (comme des médecins ou des enseignants) qui contribueront à la qualité de vie, ou tout simplement par ses habitants qui en seront fiers et s’y investiront. Bien sûr, par cette intervention, la communication promeut de fait les décisions des responsables politiques. Mais celles-ci font partie intégrante de cette dimension valeur.

Enfin, troisième front pour les collectivités, le vivre ensemble et ce qu’il implique d’efforts en termes d’attitudes et d’engagements. Que ce soit pour inciter à préserver le cadre de vie, à respecter des règles communes ou à s’impliquer dans une démarche citoyenne, la communication publique est donc également sociétale et vise, dans l’intérêt général, la modification de comportements.

Olivier Faure, Député de Seine-et-Marne : « La communication est une exigence démocratique »
« La communication en direction des citoyens est la base même de la participation locale. Elle est une exigence démocratique, le vecteur de la transparence, l’antidote contre toutes les formes involontaires de repli. La communication vers les usagers des services publics est le juste retour que l’on doit aux contribuables sur des services qu’ils financent. Pour cela, la communication doit changer de nature : moins top/down, elle doit intégrer les nouveaux outils et la culture numériques, être plus collaborative et a minima plus interactive. La question est moins celle du « moins communiquer » que du communiquer différemment, c’est-à-dire en ayant l’exigence d’un échange et plus la fausse évidence de la propagande.

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