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Voilà donc que les grandes manœuvres sur la décentralisation sont déjà entamées. Un membre du pléthorique organigramme de campagne (plus de 200 personnes) de François Fillon, le député-maire de Vesoul Alain Chrétien, vient ainsi de proposer à la presse et à ses camarades députés de nouvelles idées pour modifier l’édifice institutionnel des collectivités. Il s’agirait en l’occurrence de supprimer l’élection des conseillers régionaux au suffrage universel direct pour faire désigner ces derniers par les conseillers départementaux, selon un système de fléchage identique à celui qui permet de désigner des conseillers communautaires.
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Frénésie législative
Peu importe que cette réforme soit justifiée ou pas, peu importe même qu’elle soit intéressante. Elle vient souligner l’incroyable constance qu’ont les politiques à toucher en permanence à l’édifice des collectivités locales. Point besoin de remonter très loin pour avoir des preuves de cette frénésie : Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy et son comité Balladur, François Hollande, Jean-Marc Ayrault et leurs trois lois de décentralisation…
Finalement, on se fiche du contenu des réformes. On se fiche aussi de l’éventuelle nécessité de savoir si elles étaient les bienvenues ou pas. On ne peut que constater que chaque gouvernement, chaque Premier ministre, chaque président veut avoir sa loi de décentralisation. Les objectifs sont toujours les mêmes : simplifier, rationaliser, réduire les coûts. On s’interrogera sur une simplification permanente qui ne porte visiblement jamais ses fruits, puisqu’il faut sans cesse la remettre sur l’ouvrage.
Les vrais enjeux locaux
Et pendant ce temps, les collectivités passent un temps et une énergie considérables à s’adapter aux changements permanents de textes au détriment d’enjeux autrement plus importants. Alors, je fais une suggestion aux candidats à la présidentielle : en matière de changement des institutions locales, ne promettez rien et ne faites rien.
Je fais une suggestion aux candidats à la présidentielle : en matière de changement des institutions locales, ne promettez rien et ne faites rien.
En revanche, vous pouvez prendre conscience de la réalité des enjeux et agir en conséquence. Sans tambour ni trompette, mais avec justice et équité :
- donner aux collectivités et à leurs agents les moyens financiers et humains de se concentrer sur une organisation optimale du service au public, sur un management interne dont les carences sont criantes, sur la création de réponses nouvelles à des besoins nouveaux ;
- prendre conscience de la dérive des territoriaux, catégories C en tête (voir notre dossier du mois), vers le Front national. Interrogez-vous sur la raison et l’ampleur de ce phénomène et apportez des réponses ;
- mettre en marche un chantier essentiel et pourtant laissé en friche depuis 1982, celui de la démocratie locale.
Là alors, vous pourrez envisager de faire œuvre utile.