Fuites d'eau, fuite en avant

Fuites d'eau, fuite en avant

© proshkin aleksandr

Effet conjugué du désengagement de l'État et du manque de volonté des collectivités, les fuites des canalisations d'eau atteignent des niveaux catastrophiques. Il va falloir agir.

L’UFC-Que choisir et ses organisations locales ont réalisé une étude particulièrement intéressante sur le taux de fuite des réseaux d’eau en France (publiée sur le site de l’association). L’analyse s’appuie sur des chiffres assez complets, dont ceux de l’Observatoire national des services d’eau et d’assainissement. L’ensemble des données est par ailleurs très référencé, comme on aimerait le voir plus souvent dans des études de ce genre qui mettent en cause des collectivités. Résultats ? Si le taux de fuite « autorisé » est de 15 %... L'objectif est loin d'être atteint dans un nombre important de départements et de communes.

Ce sont les communes des départements riches (de région parisienne par exemple) et où les nappes phréatiques sont rares (grand Ouest par exemple) qui ont les taux de fuite les plus faibles, à l'exemple de la ville de Saint-Malo. En revanche, c'est dans les départements pauvres, en zones rurales ou de montagne, où les réseaux sont très longs et les populations faibles (Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes) où l'on bat des records (40 %).

Quelques villes sont montrées du doigt par l'association (Amiens, Sens, Auxerre, Aix-les-Bains, Cavaillon). Avec plus de 30 % de taux de fuite, elles détiennent la palme dans la catégorie des villes de plus de 40 000 habitants.  Pourtant, aucune volonté de remplacement des canalisations ne semble affichée dans les budgets : les taux de remplacement prévus vont de 0,20 à 1 %. « À ce rythme, il faudrait 150 ans pour remplacer la totalité du réseau », note l’UFC, pour des canalisations dont la moitié a une durée de vie moyenne de 75 ans.

La suppression de l’ingénierie publique nationale en 2000 explique l’absence de la connaissance de l’état des causes des fuites, même si nombre de départements ont depuis pris le relais. Mais c’est surtout le niveau des sanctions versées aux agences de l’eau (8 centimes par litre) en cas de dépassement d’un seuil variable (15 à 30 % parfois) selon la taille des communes qui est considéré comme loin d’être dissuasif.

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