Google Reader est mort, vivent les flux ! (ou pas)

La Rédaction

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Vent de panique sur les réseaux sociaux en milieu de semaine dernière suite à l'annonce officielle par Google de la disparition de l'agrégateur de flux rss Google Reader au 1er juillet prochain. C'est devenu une habitude, Google procède régulièrement à ce nettoyage parmi ses services peu utilisés et donc coûteux à maintenir. Sauf que si d'ordinaire la suppression de services ne fait guère de vagues, celle-ci est très mal vécue car les utilisateurs sont nombreux et satisfaits. Les commentaires à cette annonce n'ont pas tardé à pleuvoir en ligne et les réactions sont assez mitigées.

Pour certains observateurs, c'est une catastrophe, qui signera l'arrêt de mort du rss, déjà mal en point (lire le billet presque prophétique écrit fin février par François Jeanne-Beylot, complété par un second billet publié après l'annonce de Google) ; pour d'autres, c'est une chance pour ce format et des acteurs à la créativité étouffée par l'hégémonique Google.

Pour ma part, j'ai dans un premier temps minimisé l'impact de cet arrêt brutal : il n'est certes pas toujours facile de s'adapter à un nouvel outil quand celui qu'on utilisait était adéquat, mais il existe d'autres agrégateurs qui peuvent très bien faire l'affaire, voire finalement s'avérer être plus pratiques. Dans la série "j'ai testé pour vous", je ne reviendrai pour rien au monde à Delicious après mon passage précipité chez Diigo suite à l'annonce par Yahoo! de la fermeture du service... Je me suis dit aussi qu'en effet, le vide laissé par Google permettrait à d'autres outils d'éclore ou de se perfectionner. D'ailleurs, en fin de semaine, Netvibes et Feedly étaient au taquet, s'excusant auprès de leurs utilisateurs des lenteurs occasionnées par l'afflux de nouveaux abonnés. Sauf que...

En grattant juste un tout petit peu, la stratégie de Google est finalement très limpide et son objectif est clairement de tuer le rss au profit du partage de lien via les réseaux sociaux et notamment Google+, qui, lui, contient de la publicité, contrairement à Google Reader. Souvenez-vous des modifications apportées par Google à Reader il y a 18 mois et l'annonce de cette semaine prendra tout son sens...

Résumons : les flux rss disparaissent les uns après les autres et sont de plus en plus difficiles à repérer, Google, qui fait le pluie et le beau temps sur le Net, décide de supprimer l'un de ses outils les plus populaires permettant de lire lesdits flux mais - quelle tare ! - ne générant pas de revenus publicitaires. Par ailleurs, d'autres mastodontes du Web se taisent mais n'en pensent certainement pas moins. Suivez mon regard, Facebook et Twitter ne seront certainement pas perdants dans l'affaire, les réseaux sociaux devenant peu à peu la porte d'entrée privilégiée (et bientôt exclusive ?) vers les contenus d'actualité. J'espère me tromper mais ça ressemble à s'y méprendre à un enterrement de première classe pour le rss et à un pas supplémentaire vers la fermeture programmée (par Google notamment) du Web (voir aussi ce qui se passe chez Twitter).

Et pour nous, professionnels de l'information, la mort à petit-feu du rss signifie, pour les mieux dotés d'entre nous, recours à d'onéreux logiciels de veille et pour les autres - presque tous - retour à la veille "à l'ancienne", à la main (finalement, circulaires.gouv.fr était visionnaire !) et obligation de repenser nos intranets documentaires contenant souvent des flux. Slate trouve ça très tendance, limite révolutionnaire, alors que pour les professionnels il me semble que c'est une vrai régression.

A lire également :

- Plusieurs billets traitant de la disparition du service évoquent aussi la dépendance à Google. Lire notamment "Google Reader est mort, vive le RSS !" par Camille Gévaudan sur Ecrans et "Adieu Google Reader : merci Google ?", par Marie Armand sur L'¼il au carré.

- "Fermeture de Google Reader - Comment survivre ?" Korben suggère, comme de nombreux utilisateurs sur Twitter, d'utiliser Feedly.

- Damien Van Achter, journaliste, voit dans la fermeture de Google Reader une véritable opportunité de mettre en place de véritables outils de knowledge management dans des rédactions encore trop "perso", et d'ainsi améliorer la qualité du travail des journalistes. Point de vue intéressant et original, voire à contre-courant dans le flot des réactions.

- Chez Blueboat, Mathieu Kieny s'interroge sur la mort du rss, mais achève finalement son billet sur une vision optimiste de l'avenir en pariant sur une saine émulation entre acteurs et sur l'émergence de nouveaux outils ou l'amélioration d'agrégateurs existants.

- Petit rappel historique sur la stratégie de Google sur Reflets : "Google : la mise en place de l'aspirateur à données personnelles".

Illustration : Francisco de Goya, Saturno devorando a su hijo [domaine public], via Wikimedia Commons.

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