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La précarité grandissante (et pour certains absolue) dans laquelle la crise sanitaire a jeté des populations entières nous oblige à réfléchir à la protection sociale que nous voulons pour demain. À l’évidence, celle que nous avons hérité de l’après-guerre ne remplit plus les missions qui lui avaient été assignées. Et les raisons ne manquent pas pour nous pousser à faire l’effort de sortir du confort et/ou du dogmatisme pour inventer quelque chose de nouveau.
Comment continuer à penser comme avant ?
D’abord parce qu’il nous faut être conscient que cette crise n’est que la première d’un modèle qui va se répéter. Celles et ceux qui se sont penchés sur la question nous disent combien les dommages que nous avons infligés à la biodiversité, aux forêts, aux terres sauvages, au vivant… vont se payer cash dans les années à venir. Qu’elles soient sanitaires, climatiques, migratoires… ces crises vont se multiplier. Soyons-en certains et intégrons ça comme un paramètre absolu de nos réflexions.
Comment continuer avec le même système de protection sociale quand son financement est durablement affaibli par la robotisation ?
Ensuite parce que notre droit social est confronté depuis des années maintenant à des phénomènes qui le dépassent et qui montrent son obsolescence. La mondialisation, l’émergence d’Amazon, l’irruption des entreprises numériques… le poussent dans ses retranchements. Comment continuer avec le même système de protection sociale quand son financement est durablement affaibli par la robotisation ? Comment continuer à croire qu’Amazon est un pourvoyeur durable d’emploi quand son but même est de remplacer (et demain, pas dans dix ans) ses salariés par des robots, des drones et des véhicules automatiques ? Comment continuer à prétendre que le système profite à tous quand Uber ou Deliveroo utilisent nos propres renoncements (bonjour, l’autoentrepreunariat) pour morceler le droit social et le rendre inopérant ?
Avancer et avancer vite
Bref, face à la certitude des crises à venir et à un système capitaliste qui s’adapte (lui) à toute vitesse aux possibilités technologiques, il est temps de bouger. Les vieux logiciels (le fétichisme de « l’assistanat », l’illusion d’une protection sociale assise sur la masse salariale…) ont déjà vécu. Il faut en prendre acte et inventer du nouveau. Les idées ne manquent pas : la taxe robot, le revenu universel, la sécurité sociale alimentaire, les taxes Gafa ou numériques… Elles méritent parfois d’être retravaillées, d’être discutées vraiment, d’être confrontées à la réalité, mais elles sont une base solide pour l’invention d’un nouveau système adapté aux défis qui nous percutent déjà.
Nous aurons besoin de davantage de protection collective et individuelles
Il faut avancer et avancer vite sur la base de ce qui était pour certains des convictions et qui sont déjà des faits : nous aurons besoin de davantage de protection collective et individuelle dans les années sans doute noires qui nous séparent du jour où nous parviendrons, peut-être, à maîtriser le bouleversement climatique et affronter la cupidité des hommes.