Les incinérateurs, mis en conformité avec les normes européennes fin 2005, ne présenteraient que de très faibles risques sanitaires, selon une revue des études publiée par les collectivités locales et les professionnels, contestée par une ONG spécialisée.
"Avec les nouvelles normes, la probabilité de risque est quasi nulle", a estimé mercredi Thierry Philip, cancérologue et vice-président d'Amorce, association des collectivités locales et des professionnels sur les déchets qui publie un "Guide des effets sanitaires liés à la gestion des déchets ménagers".
Quelques études montrent chez les professionnels une possibilité d'atteintes respiratoires, et chez les riverains l'apparition de malformations congénitales et une augmentation de la fréquence de cancers du sein chez la femme. Mais "le risque relatif est très faible", "à la limite du significatif", selon le Pr Philip.
En outre, ces études portent en particulier sur les Unités d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) dites d'"ancienne réglementation", qui ont disparu avec l'application des nouvelles normes. Depuis, les émissions de dioxine et de furane provenant de la transformation de l'énergie ont baissé de 99,6%, insiste Amorce.
Delphine Lévi Alvarès, chargée de campagne incinération et mise en décharge au Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets), souligne cependant que la dioxine a "un effet sans seuil", c'est à dire qu'elle a un effet "quelle que soit la quantité émise".
Elle note aussi que même si les émissions sont réduites "pour une quinzaine de polluants", il y a au total 2000 molécules qui sortent de l'incinérateur.
"Il n'y a pas assez d'études", explique-t-elle.
La France possède le plus grand parc d'incinérateurs d'Europe, avec 130 usines, mais de capacité modeste. Avec 181kg incinérés par habitant et par an, elle se situe un peu au-dessus de la moyenne européenne.