telephone
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Multitâches, comme les cadres
En vérité, nos téléphones intelligents sont devenus en quelques années un outil sans lequel la multiplicité de nos tâches ne pourrait être remplie : répondre rapidement à une demande urgente, assister au colloque sur le sujet de l'année dans notre domaine de compétence, pouvoir éclairer notre élu en pleine séance de conseil en naviguant sur internet pour trouver « le » chiffre qui fera mouche, accepter une réunion de façon à bloquer notre agenda et que notre service soit informé grâce à l'agenda partagé : autant de fonctions qui nous facilitent aujourd'hui la vie au travail et qui nous permettent une mobilité inouïe tout en restant connectés, donc mobilisables... et mobilisés... D'aucuns pourront légitimement s'en émouvoir, estimant que ces « fils à la patte » non seulement envahissent notre vie privée, mais aussi réduisent notre vie professionnelle à du zapping, à coup de messages sans accent ni majuscule, « envoyé[s] de mon xxxx ».Le téléphone mobile dit « intelligent » a totalement bouleversé notre relation au temps et à l'espace.Comme n'importe quelle mutation technologique, le téléphone mobile dit « intelligent » a totalement bouleversé notre relation au temps et à l'espace, il est donc logique que notre vie au travail s'en ressente. Cette mutation n'est sans doute pas finie : demain, nous pianoterons depuis notre réunion publique pour saisir directement sur le logiciel de finances de la collectivité le montant de notre budget prévisionnel, nous doterons nos agents de terrain de ce type d'outils pour comptabiliser en direct les entrées au sein d'un équipement, lorsque ceux-ci sont positionnés au milieu de la file d'attente, au contact direct des usagers - qui seront alors facturés automatiquement. Demain, les visioconférences ne seront plus l'apanage des quelques happy few du service des relations internationales, et la lecture à l'écran des tweets de La Lettre du cadre territorial sera notre passe-temps favori dans le métro.
Et l'humain dans tout ça ?
Que deviendra le management, l'humain, dans cette révolution dont les applications concrètes restent encore pour beaucoup devant nous ? Serons-nous réduits à des sortes de « super-zappeurs », approuvant telle ou telle production de nos équipes, cachés derrière nos écrans à milliards de pixels ? Et si, en fait, le bond technologique dont nous parlons nous permettait de dégager du temps pour les moments qui ont le plus de sens dans nos métiers, ceux qui méritent véritablement de se voir et de se parler pour en tirer le meilleur : les temps de brainstorming, d'écoute et de résolution des difficultés rencontrées (qui, et ce me semble immuable, ne pourront se résumer en un SMS...), les temps d'élaboration partagée de stratégie ? Et peut-être moins de consultation d'agendas pour trouver le prochain « copil » possible ?Au vu de l'inventivité dont les collectivités ont su faire preuve jusque-là, dans des périodes où le temps semble s'accélérer et les finances publiques se faire plus rares, j'ai la naïveté de croire que l'informatique pourra nous aider à rendre un meilleur service public, avec une relation humaine enrichie et de plus grande qualité.