Est-ce l'abus d'un célèbre breuvage irlandais qui a conduit les éditeurs de presse, irlandais également, à une telle absurdité ? Sans doute que non et pourtant on aurait préféré, car au moins ils auraient pu revenir sur leur décision une fois les effets de la mousse retombés... Mais qu'avaient-ils donc en tête, en cette fin d'année 2012, lorsqu'ils ont bâti cette improbable grille de tarification des liens hypertextes présentée par Numerama ? De 300 ¤ pour 1 à 5 liens, jusqu'à plus de 1 000 ¤ pour 26 à 50 liens (et tarif négociable au-delà), on nage en plein délire !
Pour justifier ce racket organisé, l'association des Quotidiens Nationaux d'Irlande estime que la simple création d'un lien hypertexte est une atteinte aux droits d'auteur, quand bien même il ne serait accompagné d'aucune reprise de texte et pointerait directement sur la source du document. La base du web, en somme, auquel ils n'ont vraiment rien compris.
L'attitude des éditeurs est tout de même hallucinante et à la limite schizophrénique, qu'ils soient français ou irlandais : soit ils considèrent le web comme un outil indispensable à leur survie et à la diffusion de leurs contenus et au quel cas ils en acceptent le fonctionnement, soit ils refusent, pour une raison ou une autre, de les accepter et se contentent du papier (c'est la politique du Canard enchaîné et il va très bien, merci). La démarche des quotidiens irlandais revient à débarquer sur un terrain de rugby en exigeant des 29 autres joueurs et de l'arbitre de ne plus jouer à la main au motif que ça complique le travail de la défense. Dans ce cas, autant jouer au foot directement, même si sans plaquage ni mêlée c'est un peu moins fun...
Photo : "Guinness", par mcdarius (CC BY-NC 2.0) <http://www.flickr.com/photos/mcdarius/5030473475/in/photostream/>