527-ouvmngt
© Brad Pict - adobestock
Voici quelques années que la notion d’aménagement du territoire subit les commentaires et mutations qui font la joie de nos discussions entre universitaires, élus et techniciens des collectivités.
Que dirions-nous du « désaménagement » ?
L’aménagement du territoire, à l’origine, c’est l’espoir en l’égalité des territoires, c’est la foi en le progrès qui tirera le « désert français » vers le modernisme d’une capitale fer de lance du développement économique, bientôt relayée par les « métropoles d’équilibre ». L’aménageur, formé dans les meilleures écoles, apporte son savoir et son savoir-faire au service du territoire, qui bénéficie de la déconcentration puis de la décentralisation, de manière à concevoir la manière d’aménager dans une logique de subsidiarité.
C’est le temps de Montpellier la surdouée, c’est le temps où le TGV vient réveiller Bordeaux la belle endormie, c’est le temps où les tours s’élèvent dans le quartier de La Part-Dieu à Lyon.
Les petites et moyennes villes perdent leurs emplois, leurs services publics, leurs jeunes
Las ! Le désert français change de forme, chassé par le fait urbain, il s’étire bientôt selon la « diagonale du vide » : du nord-est de la France à son sud-ouest, les campagnes se meurent, et avec elles les espaces industriels qui peinent à se renouveler… Aux dynamiques aménageurs, on colle bientôt la réputation d’être aussi à l’origine du « désaménagement des territoires », c’est-à-dire ceux laissés pour compte : ceux qui n’auront pas bénéficié des centres de recherche, des universités, des autoroutes, des multinationales, des aéroports, de la vitesse !….
Les petites et moyennes villes perdent leurs emplois, leurs services publics, leurs jeunes. Les métropoles absorbent les populations, et s’étendent, au détriment souvent de leur développement raisonné (voire « durable », le mot apparaît) par le mitage urbain et la consommation des espaces. Elles réagissent, cela ne peut plus durer : voici les voies cyclables, les tramways, les bâtiments HQE : la grande ville devient « smart » et « green ».
Imaginons…
Que deviennent alors les campagnes et autres territoires des « franges » ? À l’heure où ses habitants se rappellent aux centres urbains, vêtus du maintenant bien connu gilet fluo, que dirions-nous du « désaménagement » ?
Imaginons : un territoire retrouvant son équilibre entre zones anthropisées et zones naturelles et agricoles… Un territoire marqué par le souci du maintien et du développement, par quelque forme que ce soit, de la vie dans les bourgs centres : leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs entreprises.
Les petites et moyennes villes se feront « smart » grâce aux divers « désaménagements » pour que le paysage redevienne patrimoine
Souci doublé d’une exigence que l’immédiate proximité de ces villes ne soit pas défigurée par les centres commerciaux ou zones de transit. Les petites et moyennes villes se feront « smart », grâce à la fibre optique, grâce au renouveau économique par les circuits courts, mais aussi grâce aux divers « désaménagements » pour que le paysage redevienne patrimoine.
Gageons que ce modèle de développement sera celui de demain : un territoire assumant la ville compacte, protégeant les espaces naturels, valorisant l’agriculture en proximité. Un territoire plus résilient aux chocs car véritablement décentralisé !