L’avenir en pointillé des sites de traitement des ordures ménagères résiduelles

Stéphane Menu
L’avenir en pointillé des sites de traitement des ordures ménagères résiduelles

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Dans un avis publié au printemps, l’Ademe s’interroge sur le devenir des sites de traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR), qu’il s’agisse des incinérateurs ou des sites de stockage. À l’heure où les régions s’engagent dans la planification de la prévention et la gestion de l’ensemble des déchets, l’agence encourage les collectivités à « investir et optimiser les unités de traitement existantes » et à faire le choix de « la valorisation énergétique plutôt que l’élimination ».

On les appelle aussi « poubelle grise ». Les ordures ménagères résiduelles (OMR) désignent ces déchets qui résistent aux collectes sélectives et qui finissent leur vie dans les installations de traitement (incinération, stockage). La loi Notre a confié aux régions la responsabilité de mener à bien la planification pour la prévention et la gestion de l’ensemble des déchets. L’Ademe rappelle qu’il s’agit de « faire changer les comportements des ménages et des acteurs publics et économiques des territoires vers une réduction du volume de déchets produits ».

L’objectif est ambitieux : diminuer de moitié les quantités de déchets ménagers et des entreprises admis en décharges d’ici 2025.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte a fixé, elle, un objectif ambitieux : diminuer de moitié les quantités de déchets ménagers et des entreprises admis en décharges d’ici 2025 (soit près de 10 millions de tonnes de réduction). Les changements de comportements et l’optimisation des moyens de collecte à la source pour mieux valoriser les déchets devraient faire baisser significativement la quantité d’OMR par habitant à l’horizon 2025 : de 17,7 millions de tonnes en 2013, dont 7,7 en décharge, à environ 14,7 en 2025, dont 3,9 millions de tonnes en décharge.

Privilégier la valorisation énergétique

Mais bien sûr, le point zéro de la réduction des OMR n’existe pas et les collectivités auront à investir et optimiser les unités de traitement existantes. Pour l’Ademe, « la valorisation énergétique de ces déchets est alors à privilégier sur l’élimination (incinération sans valorisation performante d’énergie ou enfouissement) ». Dans son avis, l’agence montre que « les projections nationales tablent sur une capacité constante du parc d’incinération (soit 126 unités représentant 15 millions de tonnes de capacité annuelle) et qu’il existe un important gisement d’amélioration des rendements énergétiques d’ici 2025 ».

Pour l’Ademe, « la valorisation énergétique de ces déchets est alors à privilégier sur l’élimination ».

L’Ademe invite les « collectivités maîtres d’ouvrage à engager des études et discussions avec les collectivités voisines et leurs prestataires afin d’utiliser au mieux les capacités existantes en mutualisant leurs besoins, dans un contexte où les exigences environnementales autour des unités d’incinération vont se renforcer ces quatre prochaines années. Cela peut conduire à réduire la part des déchets d’activités économiques non triés entrant dans ces installations et améliorer la valorisation de la chaleur produite ».

Non aux unités de prétraitement

Reste que ce scénario idéal ne couvre pas l’ensemble du territoire à ce jour. « En cas d’absence d’installation d’incinération avec valorisation énergétique, la pertinence de nouvelles unités de prétraitement des OMR (Ndlr, 2,2 millions de tonnes d’ordures ménagères résiduelles ainsi traitées en 2013) pose question », reconnaît l’Ademe qui « ne recommande pas la création d’unités de prétraitement sur OMR : les déchets résiduels sont très hétérogènes. Le tri mécanique de ces déchets risque de ne pas être assez performant pour préparer des matières reprises par les recycleurs. Ce tri apparaît aujourd’hui comme un risque technique (technologies de tri en évolution, peu validées sur des ordures ménagères) et surtout un pari économique ».

En adéquation avec la dynamique de l’économie circulaire

L’agence préfère l’option dite de « préparation de combustibles » à partir de déchets non dangereux non recyclables et invite à structurer cette filière émergente. Seuls les territoires d’Outre-mer ou îliens pourraient trouver une pertinence à développer de tels équipements car « ce prétraitement contribue faiblement à l’atteinte des objectifs de recyclage et valorisation de la loi ».

« Dans certaines régions, on arrive à 100 kilos d’OMR par habitant ; dans d’autres, on reste autour de 340. Les bons élèves donnent donc l’exemple ».

Pour Jean-Christophe Pouet, chef du service mobilisation et valorisation des déchets à l’Ademe, « les élus vont rapidement comprendre que le temps des incinérateurs est révolu. À l’échelle nationale, la moyenne se situe autour de 260 kilos d’OMR par habitant. Dans certaines régions, on arrive à 100 kilos d’OMR par habitant ; dans d’autres, on reste autour de 340. Les bons élèves donnent donc l’exemple ». Et de poursuivre : « À l’échelle de l’Europe, nous sommes dans la moyenne, plus performants même que les pays du Nord. Au niveau mondial, nous produisons deux fois moins d’OMR qu’aux États-Unis », poursuit le chef de service. « On sent les élus assez mobilisés. Aujourd’hui, l’économie circulaire est en pleine expansion et les élus y sont sensibles parce qu’elle leur permet de maintenir l’emploi sur le territoire. Les collectivités ont tout intérêt à proposer des services de qualité aux habitants », conclut Jean-Christophe Pouet.

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