Le Comité économique et social européen a rendu cette semaine un avis sur "L'édition du livre en mouvement" (JOUE du 29 juin). Certes, le CESE n'a qu'un avis consultatif, mais c'est celui de la "société civile" (comprendre des lobbys...). Il y a donc fort à parier que que le contenu de cet avis se retrouvera tôt ou tard sur les bureaux de la Commission ou du Parlement. C'est même sans doute déjà le cas.
Rien de révolutionnaire dans cet avis, clairement émis pour défendre les intérêts des grands éditeurs et pour que surtout rien ne bouge. Ne vous attendez donc pas à y trouver une quelconque remise en cause des DRM ou même un petit geste pour les bibliothèques. Si celles-ci ne sont pas absentes du texte, elle n'y sont pas non plus centrales, bien au contraire. Leurs revendications en termes d'accessibilité et de diffusion des livres numériques semblent tout juste légitimes, et à part affirmer qu'il faut en tenir compte, le texte n'avance aucune proposition concrète allant dans ce sens... Les libraires ont droit à un paragraphe entier (point 6), mais dans des termes peu reluisants.
Pas grand chose enfin pour les auteurs dans ce texte taillé sur mesure pour les éditeurs et qui considère les droits d'auteur comme un "coût" (article 3.8), ce qui a au moins le mérite d'être clair... Cet avis purement économique désigne même ouvertement les méchants : les vilains pirates, bien sûr, mais aussi Apple et Amazon, nominativement cités dans l'article 6.5. Et, comme pour se donner bonne conscience, il s'achève sur une touchante défense des petits éditeurs à laquelle on aurait presque envie de croire...