Par Xavier Patier, DGS du conseil départemental de Loir-et-Cher
Si tu peux voir un jour ton PLUI annulé par un juge et sans un commentaire te remettre au travail ;
Si tu peux regarder une émission de Public Sénat sur la décentralisation sans aussitôt zapper ;
Si tu peux lire jusqu’au bout, sans pester, une circulaire de la DGCL et écouter jusqu’à la fin, sans chuchoter un seul gros mot, un discours de préfet ;
Si tu aimes t’esquiver au moment des photos et goûtes le plaisir de laisser d’autres signer le parapheur, mais en bas de textes que tu auras voulus ;
Si le bien du pays suffit à te donner envie de venir au bureau, plus que les compliments du voisin ;
Si tu préfères l’influence au pouvoir, et les plateaux-repas servi dans les coulisses aux festins ingérés en public; et les costumes sombres et les visages éteints, et les samedi sans permanence, et les dimanches sans inauguration ;
Si tu pratiques l’humilité non pas au point d’être humble toi même, mais assez pour le faire croire aux autres ;
Si tu aimes les gens sans le crier sur les toits et , pour les élus du peuple, éprouves une admiration sans borne mêlée d’une compassion fraternelle ;
Si entends sans mépris les envolées d’estrade mais préfères tenir des propos un peu chiants plutôt que de nourrir les polémiques ;
Si dire oui t’ennuie et si dire non ne t’effraie pas ;
Si tu prends du plaisir à retrouver les syndicats ;
Si tu préfères LinkedIn à Twitter et Légifrance à Facebook ;
Si jamais tu ne penses à propos des élus: « Ils expliquent, moi je décide », quand même tu déciderais beaucoup et quand même ils expliqueraient magistralement ;
Si tu peux mettre en marche tout l’immobilisme administratif qu’il faut, oreilles et yeux bouchés, quand il s’agit de défendre le droit, le bon sens, l’équité, ou un collègue injustement accusé ;
Si tu aimes ta liberté plus que ses accessoires ;
Si tu peux assister tard le soir à un conseil municipal sans te dire à aucun moment: « La démocratie locale, ce sont des amateurs qui commandent aux professionnels » ;
Si tu lis, absorbé et joyeux, la Lettre du cadre territorial :
Alors tu seras un DGS, mon fils !