La grande enquête managériale – 3e édition : il va falloir aller plus loin !

Nicolas Braemer

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La grande enquête managériale – 3e édition : il va falloir aller plus loin !

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La crise du COVID a fait du mal au management. Là où les enquêtes précédentes montraient des progrès constants dans les pratiques, les résultats de cette année nous font apercevoir un repli sur soi et une fragilité qu’on ne soupçonnait pas. Voilà qui interroge.

Parce qu’il est l’expertise du lien, de la relation, du savoir être, le management est – en temps de crise plus que jamais – essentiel et fondamental. La séquence sanitaire qui a imposé le télétravail, le confinement, l’organisation à distance des équipes ou des projets, est venu révéler ce rôle absolument primordial du manager.

On vous dit tout sur les grandes questions qui nous traversent

Tout au long de ces pages (et dans les articles suivants) nous répondrons aux grandes questions que soulève cette enquête :
- Le management, en tant que science du lien et de l’humain, devient-il une affaire de femmes ?
- Le management devient-il un métier, à part entière, à côté de l’expertise technique ? Et dans ce cas, comment formaliser la reconnaissance de cette nouvelle expertise ✈dans le temps libéré, les entretiens professionnels et l’évaluation…✉ ?
- Les organisations publiques sont-elles authentiquement en pleine mutation, en pleine transformation ou tous ces efforts pour innover sont-ils vains ?
- La capacité de résilience est-elle devenue la valeur ajoutée, la compétence clé de demain pour une collectivité ?
- L’innovation est-elle une affaire de riche ou de « caste » ?

Une prise de recul nécessaire

Les femmes et les hommes qui ont assuré la continuité du service public en pleine tempête ont besoin d’être soutenus, aiguillés, reconnus, accompagnés : bref managés le mieux possible. Les organisations ont été chahutées, tordues, tendues sous les effets de l’urgence : de beaux réflexes ont émergé, d’autres moins vertueux aussi. La prise de recul est nécessaire.

Ce recul est-il le témoin d’une forme de superficialité des innovations et de leur manque d’ancrage sincère ?

C’est pourquoi, nous avons souhaité maintenir en 2020, cette 3e édition du baromètre des pratiques managériales pour continuer à enrichir la connaissance du management dans le secteur public et à accompagner les managers et collectivités dans la compréhension des phénomènes et leurs réflexions sur l’évolution de leurs pratiques.

Quoi de neuf dans cette 3e édition ?

Si certains aspects de l’enquête restent stables : publication tous les deux ans, philosophie générale visant à contribuer au débat public et la prise de conscience des enjeux managériaux et organisationnels pour les structures publiques, volonté d’objectiver les débats pour contourner les effets de mode ou le bashing… d’autres aspects, au contraire ont évolué dans cette édition.

L’épisode Covid et gestion de crise fait apparaître la grande fragilité de ces changements observés dans les enquêtes précédentes

Parmi les plus importants, nous notons :
- l’élargissement du sondage aux encadrants intermédiaires et de proximité. Les années précédentes, le questionnaire était exclusivement réservé à la communauté encadrante stratégique (Direction générale et directeurs). Or nous constatons que cet échelon est, le plus souvent, le mieux outillé en matière de formation et d’accompagnement sur les questions de management, de transformation. Aussi, nous a-t-il semblé utile, cette année, d’aller explorer les perceptions des autres encadrants au sein des collectivités pour confronter les témoignages et enrichir la vision systémique ;
- l’ajout d’items ayant vocation à épouser l’actualité (crise, confinement, effets sur les individus et les structures) et à préciser ou creuser certains aspects identifiés les années précédentes ;
- enfin, la période de sondage ayant correspondu à celle du confinement, les résultats sont interprétés à l’aune de cette actualité.

Un enseignement ? Le management public sur le fil du rasoir…

Alors que les deux éditions précédentes du baromètre (2016 et 2018) avaient montré de nets progrès sur le plan managérial et de la gouvernance dans les collectivités, l’épisode Covid et gestion de crise fait apparaître la grande fragilité de ces changements.

Il va falloir se retrousser les manches pour aller plus loin et provoquer d’authentiques changements systémiques

Cette édition 2020 laisse entrevoir un affaissement des bonnes pratiques pendant la crise (repli, durcissement et retour en arrière liés à l’urgence, peur et incertitude…). Ce qui semblait acquis par nombre de dirigeants ou de consultants s’avère vulnérable, et pose plusieurs questions : quid de l’après ? Serons-nous collectivement capables d’amorcer un rebond plus durable, plus pérenne ou l’affaiblissement sera-t-il de long terme ?

Ce recul est-il le témoin d’une forme de superficialité des innovations et de leur manque d’ancrage sincère et authentique ?

Les softskills, ces savoirs être managériaux portés au nu ces dernières années sont-ils, au fond, devenus des mantras désincarnés, un idéal convenu mais finalement assez creux, balayé par la première crise majeure ?

En tout cas, une chose est sûre : il va falloir se retrousser les manches pour aller plus loin et provoquer d’authentiques changements systémiques.

Quel est le profil des répondants ?

690 répondants issus des collectivités locales

Une sur-représentativité des cadres A et A+

Des horizons très divers avec chaque échelon de collectivité représenté (de la Région à la commune, en passant par tous les types d’EPCI et Métropole) et des strates d’organisation très différentes (de quelques agents à plus de 5000)

Plus de femmes que d’hommes

Des répondants plutôt âgés


Des collectivités de toute taille


 Des encadrants de petites équipes

 Lire la suite : Les effets de la crise sanitaire sur les organisations publiques en 3 leçons

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