Réaction totalement à chaud à une série de tweets (dont celui-ci) et un billet postés ce vendredi par François Bon. Ecrits qui m'ont mise en colère contre un vieux monde de l'édition qui décidément ne comprend rien. Un vieux monde qui ne fait que retarder une chute qui adviendra tôt ou tard tant il est sclérosé, arc-bouté sur un modèle vieux de 5 siècles, après, au passage, avoir ravi la vedette à de pauvres moines copistes voués à la disparition...
Ainsi donc Monsieur Gallimard ne tolère pas que publie.net commercialise une nouvelle traduction du Vieil homme et la mer d'Ernest Hémingway. Il est vrai qu'avec 22 téléchargements, à 2,99 ¤ pièce, il y a de quoi plomber les comptes de la vénérable maison d'édition pour des décennies. S'en relèvera-t-elle d'ailleurs ? Du côté des ayants droits, le préjudice est, vous vous en douterez, colossal. Oser défier l'éclatante traduction de l'Immortel Jean Dutourd relève de la provocation, voire allons-y franchement, de l'iconoclasme et du blasphème réunis.
Pour François Bon, cette traduction du Vieil homme et la mer est l'oeuvre d'une vie, ce dont il ne se cache pas. On touche là à l'intime, un intime qu'il a souhaité partager avec les amateurs d'Hemingway et les curieux de passage. Malheureusement, la folie du copyright a encore frappé ; plus tard, dans la soirée de vendredi, Gallimard se fendra même d'une cynique touchante explication, se drapant dans un costume de chevalier blanc du respect des auteurs, et faisant du pied à François Bon pour publier sa traduction ! On en arriverait presque à se demander si finalement Gallimard n'aurait pas rendu service à François Bon, le protégeant des foudres procédurières des ayant-droits en réclamant le retrait de la traduction incriminée des catalogues de divers vendeurs.
François Bon s'est donné le week-end pour réfléchir à son avenir et à celui de publie.net.
Bilan de l'opération : Gallimard s'est offert un magnifique bad buzz en restant un moment dans les "trending topics" France de Twitter ce vendredi ; publie.net a bénéficié à l'inverse d'un bon coup de projecteur qui, on l'espère, lui sera bénéfique ; de vilains pirates mangeurs d'enfants et tueurs de Culture ont gracieusement mis à disposition de tous [epub] la traduction de François Bon.
Rappelons enfin, pour rester dans les allusions religieuses, que normalement, à la fin, c'est David qui gagne... pas Goliath.