Des inspecteurs de l'Education nationale de la Seine-Saint-Denis demandent dans une lettre à leur ministre Vincent Peillon "des mesures d'urgence" pour faire face à une "pénurie d'enseignants" et une "situation extrêmement préoccupante" dans le département.
Le document daté du 18 septembre est signé par des inspecteurs des syndicats SNPI-FSU, SI-EN-Unsa et SGEN-CFDT, dont le nombre n'est pas précisé. Le manque d'enseignants est depuis la rentrée dénoncé par des enseignants et des parents d'élèves de plusieurs écoles en Seine-Saint-Denis.
Selon un chiffre rapporté par le député PS de Seine-Saint-Denis Daniel Goldberg, il y a aujourd'hui 285 classes du premier degré sans enseignant dans ce département populaire, dont la population est la plus jeune de France.
Les écoles de la Seine-Saint-Denis "connaissent une telle pénurie d'enseignants qu'il leur est désormais difficile d'assurer leurs missions les plus fondamentales", déplorent les inspecteurs d'académie. Ils parlent de classes sans enseignants et des remplacements non assurés "dans la plupart des circonscriptions".
Les inspecteurs mettent en cause "la politique de réduction de postes qui a caractérisé ces dernières années".
"Nous sommes conscients que la refondation de l'école que vous mettez en oeuvre ne peut résoudre en quelques mois les problèmes issus d'une politique inconsidérée de diminutions de moyens", écrivent-ils au ministre.
"Nous pensons cependant que la situation particulière de la Seine-Saint-Denis demande des mesures d'urgence", poursuivent-ils, demandant le recrutement de 250 professeurs des écoles stagiaires.
Les inspecteurs ont reçu le soutien des élus du département. Ainsi, M. Goldberg demande dans une lettre au ministre l'ouverture de la "liste complémentaire" du concours de recrutement des professeurs des écoles 2012, estimant que les difficultés de remplacement d'enseignants "semblent atteindre un niveau plus préoccupant que les années précédentes".
Le président PS du conseil général Stéphane Troussel a également alerté M. Peillon. "La pénurie est le résultat des suppressions de postes ces dernières années, mais les mesures d'urgence (à savoir 1.000 postes supplémentaires dans le primaire à cette rentrée, ndlr) ne peuvent pas régler tous les problèmes", a-t-il dit à l'AFP, demandant qu'elles soient "renforcées en Seine-Saint-Denis".
Selon le maire communiste de Saint-Denis, Didier Paillard, il y a eu à la rentrée 2.200 élèves de plus qu'il y a un an, mais "seuls 16 postes supplémentaires ont été affectés au département". L'école maternelle Robert Doisneau, la plus importante de sa ville, n'a ainsi toujours pas de directeur, déclare-t-il.