Selon le magazine Le Point, la mairie de Nantes avait constitué un fichier illégal informatisé où figuraient 129 êtres humains Sans Domicile Fixe, ce en 2006.
Je n'entrerais pas dans un débat politique inepte (du style gauche-droite : gna gna !) sachant que l'actuel Premier Ministre était, à l'époque, maire de cette grande ville.
Les informations de ces fiches incriminées auraient fait mention d'informations telles que les lieux d'errance, l'apparence ou la vie privée des S.D.F (cf : leurs éventuelles relations homosexuelles, leurs consommations d'alcool ou de stupéfiants...) ; ces informations auraient été récoltées à partir d'observations, d'entretiens, de témoignages dans la rue ; bref, pour certains, un fichage en règle.
Je vous livre les réponses de l'actuel Premier Ministre, contacté à ce sujet : « Du point de vue des règles de la Cnil, la ville de Nantes est exemplaire, elle a un délégué chargé de vérifier toutes les données de tous les fichiers, toutes les données personnelles » et d'expliquer qu'il y avait « eu il y a quelques années des initiatives prises par quelques agents mais, (sans) aucune instruction ». « Il y a été mis fin et la Cnil a pris acte de tout ça » ; et de conclure qu'il n'y avait « pas à faire de polémique autour de quelque chose qui n'existe plus ou si cela existait (c'était) de façon totalement marginale et ne correspondait à aucune décision, ni politique, ni administrative ».
Sur cette « affaire » se posent divers problèmes : le premier concerne les missions dévolues au correspondant de la CNIL au sein des collectivités territoriales : je vois mal comment celui-ci peut, humainement parlant, « vérifier toutes les données de tous les fichiers, toutes les données personnelles » et, à fortiori, le maire d'une grande ville telle que celle de Nantes ! Avec un simple tableur ou logiciel de base de données, tout employé peut réaliser un fichier illicite qu'il ne conserve pas sur son ordinateur (N.B : bon nombre de collègues refusent d'être correspondant de la CNIL ne voulant pas endosser des fautes qui ne sont pas de leur initiative et qui ont échappé à leur vigilance).
Sur le fond, certains avancent le fait que l'on a désormais la phobie des fichiers sachant que tout citoyen, notamment salarié, est fiché partout : les mairies (ex : les listes électorales entre autres), le fisc, EDF, la sécurité sociale, la police...) ; la démarche de la Ville de Nantes était peut être empreinte de bons sentiments : mieux identifier les SDF pour mieux les aider (pour un logement, des soins...) et je ne parle de nos habitudes de consommation.
D'un point de vue éthique, recenser des éléments d'ordre strictement privé est, cependant, fort critiquable.
Enfin, d'un point de vue politique, je ne vois guère l'intérêt de « ficher » 129 personnes qui, généralement, ne votent pas.