Prises séparément, ces deux actualités concomitantes relatives aux patrons de Google sont déjà quelque peu gênantes. Réunies, c'est une vision du monde réellement angoissante qu'Eric Schmidt et Larry Page nous proposent, à quelques jours d'intervalle. Le premier vient de publier, avec un jeune prodige passé de la diplomatie à la Silicon Valley, The New Digital Age, un essai prospectif sur la nouvelle ère numérique dans laquelle nous venons à peine d'entrer. Ils y décrivent un monde entièrement connecté, où toute tentative de se soustraire à ce fichage intégral fera de vous un suspect, un terroriste en puissance. Un enfer ? Mais non, Google sera là pour en faire le meilleur des mondes, puisqu'il ne veut que notre bien ("Don't be evil" n'est-il pas sa devise depuis son origine ?) ! On atteint des sommets dans la mégalomanie quand Larry Page, PDG de Google, est parti en roue libre lors de la conférence Google I/O. Il s'y rêvait carrément en caudillo illuminé d'une sorte de Googlisthan, un pays "en bêta test" permanent qui vivrait au rythme et sous contrôle d'un Big Brother bienveillant. Huxley et Orwell l'avaient imaginé, Google ne l'a pas encore fait, mais y pense très fort...
Le meilleur des mondes selon Google
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