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À l’issue d’une rencontre avec les organisations syndicales, lundi 12 juin, le ministre de la Fonction publique a annoncé une revalorisation de 1,5% du point d’indice des agents des trois versants de la fonction publique. Des points supplémentaires seront aussi attribués aux fonctionnaires le 1er janvier 2024, a annoncé l’exécutif. Côté employeurs territoriaux, si on affirme soutenir cette hausse des traitements, la méthode « Guérini » a du mal à passer.
Pris en étau entre une inflation exponentielle (+5,3% en avril 2023, Insee) et les revalorisations successives du Smic (lui-même indexé sur l’inflation), la rémunération des fonctionnaires – notamment pour les plus bas échelons – est un sujet central pour le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques (FP)… Ce d’autant plus que l’attractivité de la FP ne cesse de dégringoler ces dernières années.
Une hausse et des points supplémentaires
Auditionné par la Délégation aux collectivités territoriales du Sénat, le 25 mai dernier, pour présenter son plan d’action « attractivité », le sujet des rémunérations était rapidement venu sur la table. Les huit premiers échelons de la catégorie C de la FPT, les trois premiers de la catégorie B sont aujourd’hui au niveau du SMIC. Si rien n’était fait, le premier échelon de la catégorie A serait lui aussi rattrapé en 2025.
Le ministre a annoncé un coup de pouce financier pour les fonctionnaires : +1,5% pour le point d’indice dès le 1er juillet 2023
Aussi à l’issue d’une rencontre avec les organisations syndicales, lundi 12 juin, le ministre a annoncé un coup de pouce financier pour les fonctionnaires : +1,5% pour le point d’indice dès le 1er juillet 2023. C’est bien moins que ce que les syndicats espéraient mais aussi bien moins que ce qui avait été accordé l’année passée (+3,5% le 1er juillet 2022). Autre annonce faite par le ministre : l’attribution de cinq points supplémentaires pour tous les agents le 1er janvier 2024 avec possibilité pour les agents les moins bien rémunérés de récupérer des points supplémentaires (jusqu’à 9) pour contrer le tassement des grilles indiciaires.
Enfin, si la garantie individuelle de pouvoir d’achat (Gipa) a également été reconduite pour 2023, la prime dégressive dite de « pouvoir d’achat » comprise entre 300 et 800 euros et versée aux agents gagnant jusqu’à 3250 euros bruts par mois ne concernera pas les territoriaux, a expliqué le ministère.
La grogne des employeurs
Ces annonces ministérielles ont, semble-t-il, pris de court les employeurs territoriaux. Quelques heures à peine après l'annonce, l’Association des maires de France (AMF) écrit dans un communiqué : « Si l’AMF ne remet pas en cause le principe et le montant de la hausse du point, et a toujours été attachée à défendre le pouvoir d’achat des agents, elle refuse la méthode et le calendrier retenus ». En effet, l’AMF regrette que cette décision n’ait pas été prise avant le vote des budgets communaux. Elle dénonce ici un manque de visibilité et d’anticipation.
L’association des maires regrette que cette décision n’ait pas été prise avant le vote des budgets communaux
L’association Départements de France (DF) pointe elle-aussi un problème de méthode de la part du gouvernement qui n’a pas pas pris la peine de discuter en amont avec les employeurs. DF a fait ses comptes, cette revalorisation va coûter 150 millions d’euros aux départements en 2023 (300 millions en année pleine).
Enfin, France urbaine, qui se dit « attachée à défendre le pouvoir d’achat des agents, ne remet pas en cause le bienfondé de ces mesures ». Elle s’étonne également de la méthode et du manque d’anticipation de l’État en la matière.