Après l'exclusion de Jean-Pierre Kucheida dans le Pas-de-Calais, le PS a retiré son investiture à Sylvie Andrieux aux législatives dans les Bouches-du-Rhône, soucieux de déminer le terrain en écartant des candidats en proie à des démêlés judiciaires.
A quelques jours du premier tour du scrutin des 10 et 17 juin, la direction du PS a ainsi donné un nouveau coup de balai dans ses deux plus grosses fédérations, qui ont déjà défrayé la chronique judiciaire.
Cette opération mains propres est dans le droit fil des principes "d'intégrité et d'exemplarité" que le gouvernement Ayrault a décidé de s'appliquer avec sa "charte de déontologie" obligeant les ministres au respect de règles strictes (train de vie, salaires, dépenses...).
C'est la première secrétaire Martine Aubry elle-même qui a annoncé jeudi matin dans un communiqué "le retrait de l'investiture du Parti socialiste" à Sylvie Andrieux.
La députée, candidate à sa réélection dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, avait été renvoyée la veille devant le tribunal correctionnel de Marseille pour détournement de fonds publics, à hauteur de 740.000 euros, au bénéfice d'associations présumées fictives. Ces faits sont passibles de dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
Soulignant "la nature et la gravité des faits reprochés", Martine Aubry a indiqué agir "en plein accord avec le Premier ministre" mettant en avant une "exigence d'exemplarité". Cette grosse fédération socialiste a déjà été touchée par l'affaire Guérini, autre dossier aux relents clientélistes.
Sylvie Andrieux, élue en 2007 avec 57,79% des suffrages, a annoncé jeudi qu'elle maintenait sa candidature. "Pour que la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône ne tombe pas entre les mains de l'extrême droite, nous avons le devoir de maintenir notre candidature qui est la seule à pouvoir atteindre sérieusement cet objectif", a-t-elle expliqué dans un communiqué avec son suppléant, Garo Hovsépian.
Mercredi, elle avait qualifié son renvoi en correctionnelle de "non-événement", soulignant qu'"aucun enrichissement personnel" ne lui était reproché.
La fédération PS des Bouches-du-Rhône est restée pour sa part remarquablement discrète. Prenant "acte" de la décision de la direction du PS, elle s'est refusée à "tout commentaire politique ou technique".
La candidate du Front de Gauche dans la circonscription, Marie Batoux, a elle demandé au PS de donner "un message clair" à ses électeurs, en appelant à "un rassemblement de toute la gauche" derrière sa candidature.
Le secrétariat national du PS, qui doit se réunir mardi ou mercredi prochains, sera saisi du cas de Sylvie Andrieux et pourrait donner des indications sur la marche à suivre. Le retrait tardif de son investiture pose problème, les délais ne permettant pas d'empêcher l'élue de se présenter sous l'étiquette socialiste.
"Sylvie Andrieux n'est plus investie, mais les documents officiels pour le 1er tour ont déjà été envoyés", a souligné Charlotte Brun, l'une des porte-parole du PS pour les législatives. "En revanche pour le deuxième tour, elle n'aura pas le droit d'utiliser le logo du parti", a-t-elle ajouté.
Il n'y aura donc pas de candidat socialiste dans cette circonscription.
Le cas de la 12e circonscription du Pas-de-Calais (#circo6212) n'est pas non plus simple. Le député sortant, Jean-Pierre Kucheida, a été exclu mardi du PS pour candidature dissidente.
Mais l'indétrônable député-maire de Liévin depuis 1981, visé notamment par une enquête judiciaire pour "abus de biens sociaux", bénéficie du soutien de nombreux élus locaux et de la patronne de la fédération du Pas-de-Calais, Catherine Génisson. Face à lui, le PS a investi Nicolas Bays, 35 ans, conseiller municipal de Wingles.
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